Liste de

10 films

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Carol
6.9
1.

Carol (2015)

1 h 58 min. Sortie : 13 janvier 2016 (France). Drame, Romance

Film de Todd Haynes

Teklow13 a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Carol (Todd Haynes) : le plan final

Quelques mots sur ce qui est donc pour moi la plus belle et la plus bouleversante scène de l’année.
Cette scène sublime, d’apparence toute simple, constitue probablement la plus belle scène de toute l’œuvre de Todd Haynes. Il s’agit du pic émotionnel du film, son apothéose bouleversant, et le cinéaste clôt l’histoire sur ce climax en suspens.
Durant près de deux heures, Haynes a mis en scène deux personnages isolés dans le plan, deux femmes seules puis un couple seul. Mais sans que l’individu ni le couple ne parvienne à se faire une place dans ce cadre étriqué, par refus volontaire, par rejet, ou par incompatibilité. Une mise à l’écart de la société traduit à l’image par des éléments du décor isolant le ou les personnages dans une partie du cadre, ou par des lignes scénaristiques. Cette impression étant renforcée par le traitement de l’image, la reconstitution de l’époque, les costumes, quelque chose d’assez corseté. Cette impossibilité de s’accomplir en tant que femme, d’assumer une sexualité et un sentiment amoureux se poursuit lors de l’escapade en voiture. Les deux femmes fuient, mais elles sont sans cesse rattrapées ou dérangées par des éléments extérieurs, perturbateurs. Impossible de vivre leur amour. Même lorsqu’elles se retrouvent, apparemment ensemble dans le même plan, dans le même lit, pour une étreinte belle et émouvante, elles sont enfermées, cachées, mais surtout acculées par des éléments en hors champ (comme la présence du détective privé dans la chambre d’à côté).
Ce sentiment d’étouffement trouve son paroxysme dans lors de la magnifique scène en 2 temps, intervenant au début puis à la fin du film, marquée par l’interruption de cet homme qui brise en une réplique la bulle et l’osmose que les deux femmes sont sur le point de se créer. Impossible de vivre leur amour.
Jusqu’à cette dernière séquence donc. Dans un ultime élan, un ultime jeu de regards, Haynes parvient à faire tomber tous les murs qui encerclaient et s’érigeaient entre les deux femmes. Avec une nudité narrative totale, il n’y a plus rien, plus de société, plus de contraintes, plus qu’un échange de regards bouleversant. Haynes n’a même pas la nécessité de les filmer toutes les deux dans le même plan, ce simple contre-champ, qui pourtant sépare une fois encore les corps, intensifie ce qu’il est inutile de souligner et qui circule en hors champ, l’acceptation et l’éclosion réelle d’un amour fou.

Kaili Blues
7.1
2.

Kaili Blues (2015)

Lu bian ye can

1 h 50 min. Sortie : 23 mars 2016 (France). Drame

Film de Bì Gàn

Teklow13 a mis 9/10.

Annotation :

Kaili Blues (Bi Gan) : le plan séquence

Difficile, impossible, de réellement aborder ou évoquer ce plan incroyable.
C’est donc un plan séquence de 45 minutes, qui, et c’est le principal, ne donne jamais la sensation de n’être qu’une prouesse technique fumeuse, virtuose ou gratuite, comme peut l’être par exemple le pseudo plan séquence de Birdman de Inarritu.
Il se passe des choses folles durant ces 45 minutes, beaucoup de choses. On arpente des routes, des villes, on traverse des ponts, on passe d’un scooter à un bateau en passant par une camionnette, on rentre dans des échoppes, on assiste à un concert, on croise des fantômes, des visions futuristes. Au sein de ce mouvement grandiose, Bi Gan mêle et fait converser les époques, passé, présent, futur, pour les réunir au sein d’un même lieu. Bi Gan saisit tout dans son mouvement, la vie, la mort, le rêve, l’imaginaire avec une magie et une force indescriptible.
Au-delà même de ce que raconte le film à travers son scénario, je crois aussi que c’est la première fois que je vois filmer aussi bien l’idée même du voyage. Le fait de partir à l’aventure, au grès du vent, de faire des rencontres, de voir des paysages évoluer, des choses, des détails, tout ça est là avec une véracité qui m’a paru bouleversante et qui m’a beaucoup touché. Pendant 45 minutes je me sentais vivant et libre.
A l’image de tout le film, c’est la proposition de cinéma la plus stimulante et folle que j’ai vu cette année. J’ai hâte de découvrir les prochains projets de ce cinéaste.

Les 8 Salopards
7.4
3.

Les 8 Salopards (2015)

The Hateful Eight

2 h 47 min. Sortie : 6 janvier 2016 (France). Thriller, Western

Film de Quentin Tarantino

Teklow13 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Les 8 Salopards (Quentin Tarantino) : Daisy Domergue sings "Jim Jones at Botany Bay"

Cette séquence est une merveille de mise en scène typiquement tarantinesque.
Le cinéaste rassemble en quelques minutes, le temps d’une chanson chantée approximativement par Jennifer Jason Leigh, tous les enjeux narratifs et esthétiques de son film. C’est un jeu. Un jeu de faux semblant, un jeu d’actrice, un jeu entre la fiction (les paroles de la chanson) et la fausse réalité de l’auberge, un jeu sur la notion de temps et sur la notion d’espace.
Construite tout en profondeur, l’action se déroule à trois échelles du plan avec une interaction permanente entre ces trois espaces (confrontation des images (décadrages, mises au point successives,…) et de sons (chanson parasitée par les bruits à l’extérieur et à l’intérieur de l’auberge) : la chanteuse au premier plan, la carafe de café au centre, la porte d’entrée de l’auberge que l’on ferme avec des planches en arrière-plan).
Cette scène est une petite synthèse de ce vers quoi tend le cinéma de Tarantino depuis plusieurs films, à savoir la mise en place d’une tension croissante menant à une explosion de violence. A l’image du cinéma de Leone. Et c’est peut-être ici que sa recherche s’exprime de façon la plus pure, car la musicalité habituelle engendrée par le flot de paroles précédent l’explosion prend la forme d’une vraie mélodie chantée. Et l’on sait par avance (jeu sur la temporalité) que l’explosion n’interviendra, à l’image de la mélodie de la montre de l’Indien dans Et pour quelques dollars de plus, qu’à la fin de la chanson. C’est brillant et absolument jouissif.

Toni Erdmann
7
4.

Toni Erdmann (2016)

2 h 42 min. Sortie : 17 août 2016 (France). Comédie dramatique

Film de Maren Ade

Teklow13 a mis 8/10.

Annotation :

Toni Erdmann (Maren Ade) : Naked Party

C’est une séquence absolument folle.
Mais cette folie, qui sur le coup surprend par son audace (même si la chanson de Whitney Houston quelques minutes avant était un petit avant-goût), ne peut fonctionner que par rapport à tout ce qui précède et que l’on a vu jusqu’à présent.
Cette scène c’est un lâcher-prise, celui d’une femme prisonnière, prisonnière d’un costume étriqué qu’elle a volontairement revêtu, celui d’une femme d’affaire rigide, froide, que son père, un émouvant clown pathétique, tente tant bien que mal de déchirer (ou plutôt d’amener sa fille à se décorseter) pendant plus de 2h.
C’est à la fois hilarant, beau et émouvant, car dans un geste fou, une vraie mise à nu, le personnage se dévoile et se libère totalement à l’écran, et tout le monde autour d’elle partage alors cet espace de liberté créé l’espace d’un instant en faisant basculer la scène dans un magnifique joyeux bordel.

L'Ornithologue
6.4
5.

L'Ornithologue (2016)

O Ornitólogo

1 h 57 min. Sortie : 30 novembre 2016 (France). Drame, Fantastique

Film de João Pedro Rodrigues

Teklow13 a mis 9/10.

Annotation :

L'Ornithologue (João Pedro Rodrigues) : forêt endormie

Je voulais absolument intégrer une séquence de mon film préféré de l’année, or difficile de faire un choix car chaque séquence est mémorable, continue de me hanter durablement, et pourrait se retrouver dans le classement.
J’ai choisi celle de la forêt endormie. Celle durant laquelle, après diverses rencontres, le personnage principal, à la fois double du cinéaste et ornithologue réinventant la figure de Saint Antoine de Padoue, s’enfonce et se perd dans la forêt. Il avance dans la nuit, dans la forêt humide et bruyante, observé par des animaux empaillés. Ce moment du film où l’ornithologue s’enfonce dans la nuit et la mort avant de resurgir à la lumière, témoignage avant tout d’un homme, J.P. Rodrigues à un moment de sa vie, est retranscrit ici avec une puissance chamanique, un mystère inquiétant, une force cinématographique que l’on ne trouve que très rarement aujourd’hui à part dans le cinéma de Weerasethakul ou de Gomes, pour citer les principaux. C’est poétique, beau, et surtout totalement incarné.

Personal Shopper
5.8
6.

Personal Shopper (2016)

1 h 45 min. Sortie : 14 décembre 2016. Fantastique, Thriller, Drame

Film de Olivier Assayas

Teklow13 a mis 7/10.

Annotation :

Personal Shopper (Olivier Assayas) : par SMS

Cette séquence, à l’image du film, est magnifiquement mise en scène. On peut reprocher au dernier Assayas de manquer de chair, d’être un peu vain ou creux, ce que l’on ne peut pas lui enlever en revanche c’est la force de sa mise en scène, son abstraction (la facette des films du cinéaste que je préfère, celle de Boarding Gate ou de DemonLover par exemple) et sa réussite lorsqu’il s’agit d’instaurer une atmosphère.
Cette longue séquence est fabuleuse. Toujours en mouvement, on y voit Kirsten Stewart passer d’un endroit à un autre, d’un moyen de transport à un autre, les yeux et les doigts figés sur son smartphone, en discussion avec un correspondant inconnu (de mémoire car je n’ai plus l’exactitude de la scène en tête). Assayas se sert de la nouvelle technologie pour réinvestir le film de fantôme. Il n’y a aucune parole, que des mots qui s’affichent, des pixels, rien de plus impersonnel, ni voix, ni corps, ni image, juste des mots, qui parviennent pourtant à instaurer un climat fascinant, autant inquiétant qu’excitant. Avec un jeu de piste qui rappelle un peu certains films de Rivette.
Cette année-là à Cannes il y avait une autre fabuleuse séquence d’échange de sms, dans le très beau film de Manivel, Le Parc. C’est bien de voir des cinéastes tenter des choses avec ces nouveaux outils afin de redéfinir le langage cinématographique.

Le Voyage au Groenland
6.5
7.

Le Voyage au Groenland (2016)

1 h 38 min. Sortie : 30 novembre 2016. Comédie dramatique, Aventure

Film de Sébastien Betbeder

Teklow13 a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le Voyage au Groenland (Sébastien Betbeder) : FEJL

C’est probablement pour moi (avec celle d’Apnée dont je viens de parler et marrant, également avec Thomas Scimeca), la scène la plus drôle de l’année.
Hilarante car tout fonctionne, l’écriture, le jeu d’acteur des deux Thomas, le côté à la fois improbable de la situation et son pathétisme. Et bien sûr la géniale composition du plan. On est donc perdu dans un petit village au fin fond du Groenland, au premier plan les deux Thomas paniquent car ils n’ont plus que quelques minutes pour faire leur actualisation Pôle Emploi et internet ne fonctionne pas très bien, et à l’arrière les villageois les observent avec incompréhension, amusement, tout en partageant leur panique. Cet espace entre les Thomas et les villageois, pas si grand dans le plan, est en fait immense tant tout ce cirque administratif apparait comme dérisoire et futile (alors qu’il est vital pour les 2 français) vu depuis cet endroit du monde.

Apnée
6.7
8.

Apnée (2016)

1 h 29 min. Sortie : 19 octobre 2016. Drame

Film de Jean-Christophe Meurisse

Teklow13 a mis 6/10.

Annotation :

Apnée (Jean-Christophe Meurisse) : entretien d’embauche

Pas grand-chose à dire si ce n’est que cette scène est hilarante. Thomas Scimeca est génial dans cette séquence, illustrant par l’absurde les petites règles très codifiées à respecter lors d’un entretien d’embauche. Tout le film n’est malheureusement pas du même niveau, il est un peu bancal même si j’aime son côté foutraque et anarchique assumé, mais rien que pour ce passage….

Premier Contact
7.6
9.

Premier Contact (2016)

Arrival

1 h 56 min. Sortie : 7 décembre 2016 (France). Science-fiction, Drame, Thriller

Film de Denis Villeneuve

Teklow13 a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Premier Contact (Denis Villeneuve) : le premier contact

Il s’agit de la toute première rencontre avec les aliens, des préparatifs à la confrontation.
J’ai plusieurs réserves sur le film que je n’aime que moyennement, par contre je trouve cette longue séquence magnifique.
Formidablement construite, avec minutie et grâce, on retrouve ici tout le merveilleux, l’ébahissement, le sens du mystère et de l’aventure qui avance à petits pas, des grands films fantastiques ou de science-fiction (on pense aux rencontres d’Abyss ou de Rencontres du 3ème type). Villeneuve prend tout le temps qu’il faut pour faire avancer sa narration, ne précipite rien, filme chaque personnage, chaque visage, chaque action avec une forme de pureté et de naïveté spielbergienne (alors que le film sera beaucoup plus lourd et emberlificoté par la suite).

Rester vertical
6.2
10.

Rester vertical (2016)

1 h 39 min. Sortie : 24 août 2016. Drame

Film de Alain Guiraudie

Teklow13 a mis 7/10.

Annotation :

Rester vertical (Alain Guiraudie) : à l’amour à la mort

Qui d’autre sinon Alain Guiraudie peut se permettre de filmer un jeune homme enculer un vieil homme jusqu’à sa mort avec une musique pseudo Pink Floyd en fond sonore, sans jamais tomber dans quelque chose de sordide, bêtement provocateur ou répugnant. On est dans le monde totalement décomplexé de Guiraudie, fantaisiste, drôle et d’une liberté qui n’appartient qu’à lui. Et voir une telle prise de risque au cinéma ça fait un bien fou.

Teklow13

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