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Top 10 Livres selon Templar

Cette liste de 10 livres par Templar est une réponse au sondage Top 100 livres des Tops 10

Liste de

10 livres

créee il y a presque 13 ans · modifiée il y a 25 jours

À la recherche du temps perdu
8.4
1.

À la recherche du temps perdu (1927)

Sortie : 1927 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Templar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre. »
― Du côté de chez Swann

« Je venais d’apercevoir, en retrait de la route en dos d’âne que nous suivions, trois arbres qui devaient servir d’entrée à une allée couverte et formaient un dessin que je ne voyais pas pour la première fois, je ne pouvais arriver à reconnaitre le lieu dont ils étaient comme détachés mais je sentais qu’il m’avait été familier autrefois; de sorte que mon esprit ayant trébuché entre quelque année lointaine et le moment présent, les environs de Balbec vacillèrent et je me demandais si toute cette promenade n’était pas une fiction, Balbec un endroit où je n’étais jamais allé que par l’imagination, Mme de Villeparisis un personnage de roman et les trois vieux arbres la réalité qu’on retrouve en levant les yeux de dessus le livre qu’on était en train de lire et qui vous décrivait un milieu dans lequel on avait fini par se croire effectivement transporté. »
― À l'ombre des jeunes filles en fleurs

« Est-ce parce que nous ne revivons pas nos années dans leur suite continue, jour par jour, mais dans le souvenir figé dans la fraîcheur ou l’insolation d’une matinée ou d’un soir, recevant l’ombre de tel site isolé, enclos, immobile, arrêté et perdu, loin de tout le reste, et qu’ainsi les changements gradués, non seulement au-dehors, mais dans nos rêves et notre caractère évoluant, lesquels nous ont insensiblement conduit dans la vie d’un temps à tel autre très différent, se trouvant supprimés, si nous revivons un autre souvenir prélevé sur une année différente, nous trouvons entre eux, grâce à des lacunes, à d’immenses pans d’oublis, comme l’abîme d’une différence d’altitude, comme l’incompatibilité de deux qualités incomparables d’atmosphère respirée et de colorations ambiantes? »
― Le Côté de Guermantes

« Car l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à la portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre. »
― Albertine Disparue

La Vie mode d'emploi
7.9
2.

La Vie mode d'emploi (1978)

Sortie : 1978 (France). Roman

livre de Georges Perec

Templar a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Les escaliers pour lui, c’était, à chaque étage, un souvenir, une émotion, quelque chose de suranné et d’impalpable, quelque chose qui palpitait quelque part, à la flamme vacillante de sa mémoire : un geste, un parfum, un bruit, un miroitement, une jeune femme qui chantait des airs d’opéra en s’accompagnant au piano, un cliquettement malhabile de machine à écrire, une odeur tenace de crésyl, une clameur, un cri, un brouhaha, un froufroutement de soies et de fourrures, un miaulement plaintif derrière une porte, des coups frappés contre des cloisons, des tangos ressassés sur des phonographes chuintants ou, au sixième droite, le ronflement obstiné de la scie sauteuse de Gaspard Winckler auquel trois étages plus bas, au troisième gauche, ne continuait à répondre qu’un insupportable silence. »

Des arbres à abattre
8.5
3.

Des arbres à abattre (1984)

Holzfällen

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Thomas Bernhard

Templar a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(Au nom de Thomas Bernhard + mention à Extinction)

« C’est en tout cas déprimant de voir ce que ces gens ont fait d’eux-mêmes durant ces trente années, de voir ce que j’ai fait de moi-même ; de toutes ces conditions et circonstances autrefois heureuses, tous ces gens ont fait des conditions déprimantes et des circonstances déprimantes, pensai-je dans le fauteuil à oreilles, ils ont fait de tout quelque chose de parfaitement déprimant, de leur bonheur tout entier, une seule et unique dépression, pensai-je dans le fauteuil à oreille, tout comme j’ai fait moi-même, de mon bonheur, une seule et unique dépression. Car indubitablement, tous ces gens avaient été un jour, c’est-à-dire à l’époque, il y a trente et même encore il y vingt ans, des personnes heureuses ; elles ont été heureuses, et voilà maintenant que ce sont devenues des personnes déprimantes, tout à fait déprimantes, tout comme je suis moi-même devenu quelqu’un de tout à fait déprimant, et tout comme je ne suis moi-même pas du tout heureux, pensai-je dans le fauteuil à oreilles. D’un bonheur unique, ils ont fait une unique catastrophe, pensai-je dans le fauteuil à oreilles, d’un unanime espoir, un désespoir unanime. Car en plongeant les yeux dans le salon de musique, je ne faisais en somme que plonger dans la désespérance pure et simple, pensai-je dans le fauteuil à oreilles, dans la pure et simple désespérance humaine et donc aussi artistique, voilà la vérité. »

http://www.senscritique.com/liste/Thomas_Bernhard_h_auteur_de_l_irritation/1106959

L'Innommable
8.4
4.

L'Innommable (1953)

Sortie : 1953 (France). Roman

livre de Samuel Beckett

Templar a mis 10/10.

Annotation :

« Toute cette histoire de tâche à accomplir, pour pouvoir m’arrêter, de mots à dire, de vérité à retrouver, pour pouvoir la dire, pour pouvoir m’arrêter, de tâche imposée, sue, négligée, oubliée, à retrouver, à acquitter, pour ne plus avoir à parler, plus avoir à entendre, je l’ai inventée, dans l’espoir de me consoler, de m’aider à continuer, de me croire quelque part, mouvant, entre un commencement et une fin, tantôt avançant, tantôt reculant, tantôt déviant, mais en fin de compte grignotant toujours du terrain. À balayer. Je n’ai rien à faire, c’est-à-dire rien de particulier. J’ai à parler, c’est vague. J’ai à parler, n’ayant rien à dire, rien que les paroles des autres. Ne sachant pas parler, ne voulant pas parler, j’ai à parler. Personne ne m’y oblige, il n’y a personne, c’est un accident, c’est un fait. Rien ne pourra jamais m’en dispenser, il n’y a rien, rien à découvrir, rien qui diminue ce qui demeure à dire, j’ai la mer à boire, il y a donc une mer. Ne pas avoir été dupe, c’est ce que j’aurai eu de meilleur, fait de meilleur, avoir été dupe, en voulant ne pas l’être, en croyant ne pas l’être, en sachant l’être, en n’étant pas dupe de ne pas être dupe. Car n’importe quoi, ça ne va pas, ça devrait aller, mais non. C’est un supplice tarabiscoté, impossible à penser, à cerner, à sentir, à subir, oui, insubissable aussi, je souffre mal aussi, même ça je le fais mal aussi, comme une vieille dinde mourant debout, le dos chargé de poussins, guettée par les rats. Vite la suite. »

Ulysse
7.7
5.

Ulysse (1922)

(traduction Auguste Morel)

Ulysses

Sortie : 1929 (France). Roman

livre de James Joyce

Templar a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« Trouant l’air silencieux une voix chantait pour eux, feutrée, ni la pluie ni le murmure des feuilles, pas non plus comme le chant des cordes et des vents ou chezplusquoi tympanons, elle touchait leurs oreilles immobiles avec des mots, cœurs immobiles tendus vers, chacun la sienne, la mémoire de ses vies antérieures. Du bien, ça fait du bien d’entendre ça : loin d’eux de chacun semblait de tous les deux s’éloigner la première fois qu’ils entendirent. »

“Every life is in many days, day after day. We walk through ourselves, meeting robbers, ghosts, giants, old men, young men, wives, widows, brothers-in-love. But always meeting ourselves.”

Aurélien
8.2
6.

Aurélien (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Louis Aragon

Templar a mis 10/10.

Annotation :

« Ils retrouvèrent la nuit tiède et présente. Une de ces nuits de Paris où on n'a pas envie d'aller se coucher, où toutes les rues ont la lourdeur d'un secret, où les voix des passants sont comme les amorces de mille histoires, et chaque femme a l'air surprise, dans ce que l'ombre ne parvient pas à dissimuler. La rue Notre-Dame-de-Lorette, la rue Fontaine…On voyait luire au fond, en haut, le Moulin Rouge. Une pharmacie de nuit, au carrefour, les fit parler à nouveau du mari. Ils dépassèrent une boîte de nuit, des femmes avec des fleurs, des hommes élégants. La place Blanche flambait de toutes parts, et malgré l'heure tardive, il y avait partout du monde aux terrasses. Sur les boulevards la foire éteinte s'étendait comme un attroupement de fantômes. Près du Moulin, dans l'espèce d'haleine de feu, à l'entrée du dancing, un bouquet blanc de marins américains. »

Les Vagues
8.2
7.

Les Vagues (1931)

(traduction Marguerite Yourcenar)

The Waves

Sortie : 1937 (France). Roman

livre de Virginia Woolf

Templar a mis 10/10.

Annotation :

"Mrs Constable, girt in a bath-towel, takes her lemon-coloured sponge and soaks it in water; it turns chocolate-brown; it drips; and, holding it high above me, shivering beneath her, she squeezes it. Water pours down the runnel of my spine. Bright arrows of sensation shoot on either side. I am covered with warm flesh. My dry crannies are wetted; my cold body is warmed; it is sluiced and gleaming. Water descends and sheets me like an eel. Now hot towels envelop me, and their roughness, as I rub my back, makes my blood purr. Rich and heavy sensations form on the roof of my mind; down showers the day — the woods; and Elvedon; Susan and the pigeon. Pouring down the walls of my mind, running together, the day falls copious, resplendent. Now I tie my pyjamas loosely round me, and lie under this thin sheet afloat in the shallow light which is like a film of water drawn over my eyes by a wave. I hear through it far off, far away, faint and far, the chorus beginning; wheels; dogs; men shouting; church bells; the chorus beginning."

Les Anneaux de Saturne
8
8.

Les Anneaux de Saturne (1995)

Die Ringe des Saturn

Sortie : 1999 (France). Récit

livre de W.G. Sebald

Templar a mis 10/10.

Annotation :

Pour tout SEBALD.

« Cependant, plus je m’approchais des ruines, plus se dissipait l’image d’une mystérieuse île des morts et plus je me crus au beau milieu des vestiges de notre propre civilisation anéantie au cours d’une catastrophe future. Exactement comme à un étranger, né ultérieurement et qui se retrouverait, sans rien savoir de la nature de notre société, parmi les montagnes de débris métalliques et de machines détruites que nous aurions laissés derrière nous, tout cela se présentait, à moi aussi, comme une énigme indéchiffrable, et j’étais là à me demander quelles étaient les créatures qui avaient vécu et travaillé ici jadis, et à quoi avaient bien pu servir ces rails d’acier sous les plafonds, ces crochets aux murs encore partiellement carrelés, ces pommeaux de douches grands comme des assiettes, ces rampes et ces puisards. En quel lieu et en quel temps je me suis trouvé réellement ce jour-là, à Orfordness, aujourd’hui encore, à l’instant où j’écris cela, je ne saurais le dire. »

Marelle
8.2
9.

Marelle (1963)

Rayuela

Sortie : 1966 (France). Roman

livre de Julio Cortázar

Templar a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« J’ai rétabli l’ordre faux qui dissimule le chaos, j’ai feint de me livrer à une vie plus profonde dont je ne touche l’eau terrible que du bout du pied. Il y a des fleuves métaphysiques, mais c’est elle qui les nage comme cette hirondelle nage en l’air, tournant fascinée autour du clocher, se laissant tomber pour mieux rebondir ensuite avec l’élan. Je décris, je définis et je désire ces fleuves, elle les nage. Je les cherche, je les trouve, je les regarde du haut du pont, elle les nage. Et elle ne le sait pas, comme cette hirondelle. Elle n’a pas besoin de savoir comme moi, elle peut vivre dans le désordre sans qu’aucune conscience d’ordre ne la retienne. »

Les Reconnaissances
8.4
10.

Les Reconnaissances (1955)

The Recognitions

Sortie : 1973 (France). Roman

livre de William Gaddis

Templar a mis 10/10.

Annotation :

“Reading Proust isn't just reading a book, it's an experience and you can't reject an experience.”

“I know you, I know you. You're the only serious person in the room, aren't you, the only one who understands, and you can prove it by the fact that you've never finished a single thing in your life. You're the only well-educated person, because you never went to college, and you resent education, you resent social ease, you resent good manners, you resent success, you resent any kind of success, you resent God, you resent Christ, you resent thousand-dollar bills, you resent Christmas, by God, you resent happiness, you resent happiness itself, because none of that's real. What is real, then? Nothing's real to you that isn't part of your own past, real life, a swamp of failures, of social, sexual, financial, personal...spiritual failure. Real life. You poor bastard. You don't know what real life is, you've never been near it. All you have is a thousand intellectualized ideas about life. But life? Have you ever measured yourself against anything but your own lousy past? Have you ever faced anything outside yourself? Life! You poor bastard.”

« Le jour ne se leva pas. La nuit, se retirant, le révéla dans sa pâleur égale, d’un bout du ciel à l’autre, pareil à un cadavre qui reçoit les soins de l’embaumeur, et dont on rase les cheveux, qui ont continué à pousser, inconscient de l’inutilité de leur parure : ainsi, ces premières heures avaient poussé et disparu, et le jour s’étendait, le visage encore strié par les marques de sa première répugnance à paraitre, et l’ombre n’était que la privation de la lumière, mais c’était tout le contraire, de même que le bien, lorsque le chaos se dissipe et le révèle dans sa passivité absurde, et l’absence du mal. Le jour était sans soleil, son éclat sans source visible, son passage sans continuité, sans succession comme fait l’existence, mais coexistant avec soi, et le traverser, c’était comme se heurter à ses traits familiers, ses côtes et ses creux, ses parties impuissantes et ses prolongements immobiles, sans étonnement, sans espoir, comme un aveugle reconnait de sa main imprégnée de mémoire le corps d’un être familier dans ce que tous deux nommaient la vie. »

Templar

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