Tous les films de Luis Buñuel commentés

Pourquoi me suis-je pris de passion pour Luis Buñuel ? Je l'ignore. Toujours est-il que j'ai vu tous ses films (plusieurs fois) et que mon intérêt pour eux est toujours aussi vif.
Au-delà des plus connus, tous méritent considération.
(en construction)

Liste de

32 films

créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a 10 jours

Un chien andalou
7.3
1.

Un chien andalou (1929)

16 min. Sortie : 6 juin 1929. Fantastique, Épouvante-Horreur, Muet

Court-métrage de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 10/10.

Annotation :

Écrit en collaboration avec Salvador Dali (Ils étaient devenus amis quelques années plus tôt à la Résidence des étudiants de Madrid), Un chien andalou est considéré comme le premier film surréaliste. Il se propose de montrer des images irrationnelles qui n'aient aucune justification psychologique ni culturelle. Le résultat est une réussite qui va marquer l'histoire du cinéma. Pour le grand public c'est la fameuse scène de l'œil tranché par un rasoir qui restera dans les mémoires.

L'Âge d'or
7.1
2.

L'Âge d'or (1930)

1 h. Sortie : 28 octobre 1930 (France). Comédie dramatique

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Toujours dans la veine surréaliste mais plus provocateur et plus ouvertement antibourgeois qu' Un chien andalou, L'âge d'or suscite le scandale à sa sortie. Des militants d'extrême droite attaquent le cinéma où le film est projeté. Le préfet de police l'interdit, interdiction qui ne sera levée qu'en 1981 !

Terre sans pain
7
3.

Terre sans pain (1933)

Las Hurdes, tierra sin pan

30 min. Sortie : décembre 1933 (Espagne). Essai

Documentaire de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Las Hurdes (Terre sans pain) est un film documentaire (le seul dans l'œuvre de Buñuel) qui montre la misère d'une région d'Espagne située en Extrémadure. On peut le voir comme un film qui dénonce l'état social dans lequel se trouvent certaines régions de l'Espagne, alors républicaine. Mais, par les choix de mise en scène de l'auteur, c'est surtout une grande œuvre cinématographique qui, à la manière de certaines peintures espagnoles du XVIIè siècle, nous jette à la figure l'indigence humaine dans ce qu'elle a de plus terrible. On ne sort pas indemne de ce film.

Gran Casino
5
4.

Gran Casino (1947)

1 h 32 min. Sortie : 12 juin 1947 (Mexique). Comédie dramatique, Comédie romantique

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Ce film (le premier de Luis Buñuel au Mexique), aujourd'hui très marginal dans l'œuvre du cinéaste, n'est pas dénué d'intérêt. Il ravira d'abord les amateurs de films musicaux : Jorge Negrete et Libertad Lamarque, deux vedettes de la chanson hispano-américaine n'y ménagent pas leur peine. Sans oublier Mercedes Barba, remarquablement filmée lors de sa danse dans le casino. Tout cela est charmant mais très éloigné de l'univers de Luis Buñuel. On retrouve le grand Luis dans l'aspect social du film. Car Gran Casino est aussi un film politique qui montre la corruption, le racket et la violence que faisaient régner les grands propriétaires des puits de pétrole mexicains avant leur nationalisation. Enfin le cinéaste, fidèle à ses principes, refuse tout excès de sentimentalisme. Ce qui nous vaut la fameuse scène du bâton remuant boue et pétrole en lieu et place du baiser entre les héros.

Le grand noceur
5.9
5.

Le grand noceur (1949)

El Gran Calavera

1 h 30 min. Sortie : 25 novembre 1949 (Mexique). Comédie

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

En 1949, trois ans après l'insuccès de Gran Casino, Luis Buñuel reçoit la proposition de diriger ce film à la gloire de l'acteur Fernando Soler. Il s'agit d'une comédie sentimentale (genre rare dans l'œuvre du cinéaste) sur le thème de la rédemption par le travail et des effets délétères de la richesse. Buñuel, qui n'a pas participé à l'écriture du scénario, ne parvient pas toujours à éviter les clichés mais sa réalisation est impeccable, le film a du rythme et, aujourd'hui encore, se laisse regarder avec plaisir. Il filme avec beaucoup d'empathie Rosario Granados, dans le rôle de la fille du millionnaire. Si l'on cherche la patte du grand Buñuel on la trouvera dans la première scène (bel assortiment de pieds dans une cellule) et dans les gags liés à la voiture munie d'un haut-parleur. Le discours du prêtre dans le mariage de la dernière séquence est bien dans la ligne du Buñuel anticlérical.
Le film a son importance dans l'œuvre du réalisateur puisque, grâce à son succès, celui-ci pourra préparer et tourner en toute liberté Los Olvidados, son premier chef-d'œuvre mexicain.
Un film très atypique dans la filmographie de l'Aragonais qui le montre étonnamment à son aise dans la comédie légère.

Los Olvidados
7.8
6.

Los Olvidados (1950)

1 h 25 min. Sortie : 14 novembre 1951 (France). Policier, Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Cette chronique d'un groupe d'adolescents pauvres et délinquants dans les faubourgs de Mexico est un des films les plus célèbres de Buñuel. Film de la noirceur, du sordide et de la fatalité du malheur. Un chef d'œuvre ! Il obtint le prix de la mise en scène à Cannes et permit au cinéaste, alors âgé de 50 ans de poursuivre avec plus de sérénité la carrière que l'on sait. Il tournera désormais sans interruption jusqu'à son dernier film en 1977.

Susana la perverse
6.4
7.

Susana la perverse (1951)

Susana, demonio y carne

1 h 26 min. Sortie : 24 novembre 1952 (France).

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Tourné juste après Los Olvidados, Susana en est en quelque sorte le pendant féminin et rural. Mais Buñuel n'a pas bénéficié de la même liberté que pour Los Olvidados et cela se note.
Echappée d'une maison de redressement pour jeune fille (remarquable première séquence), Susana est recueillie dans une famille de riches propriétaires terriens. Sa beauté et ses attitudes provocantes vont semer le trouble chez les hommes de cette hacienda mexicaine, révélant ainsi les failles d'une famille en apparence modèle.
L'érotisme de l'héroïne est parfois remarquablement traité, parfois "un peu simple et un peu bête" comme l'a lucidement exprimé le réalisateur. La morale finale est ambigüe ; on peut y voir le triomphe de la famille et de l'organisation sociale traditionnelles ou bien une grande ironie.

Don Quintin l'amer
5.2
8.

Don Quintin l'amer (1951)

La hija del engaño

1 h 18 min. Sortie : 29 août 1951 (Mexique). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 5/10.

Annotation :

Ce film alimentaire et mineur est un remake ''à la Mexicaine" du film qu'il avait produit à Madrid dans les années 30 d'après une pièce à succès de Carlos Arniches.
On retrouve l'aisance technique et l'efficacité du réalisateur mais le film hésite sans cesse entre mélodrame et burlesque sans vraiment choisir sa voie. Luis Buñuel, qui a acquis la nationalité mexicaine en 1949, met en exergue, sous forme humoristique, l'un des problèmes de la société mexicaine (toujours d'actualité, semble-t-il), l'usage immodéré des armes à feu. On sait que le réalisateur a lui aussi été un grand amateur de tir au pistolet, ce qui lui a valu une surdité précoce. On notera enfin la présence de la belle actrice colombo-mexicaine Alicia Caro dans le rôle de la fille abandonnée (mais parfaite) du malheureux don Quintin.

Une femme sans amour
6.4
9.

Une femme sans amour (1952)

Una mujer sin amor

1 h 26 min. Sortie : 2011 (France). Drame, Romance

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 5/10.

Annotation :

Il s'agit du remake d'un film d'André Cayatte tiré du roman Pierre et Jean de Guy de Maupassant. Dans ses mémoires, Luis Buñuel le considérait comme son plus mauvais film. Il a été tourné rapidement et avec peu de moyens mais il se laisse aujourd'hui regarder sans déplaisir bien qu'il soit très éloigné de l'univers du cinéaste.

La Montée au ciel
6.1
10.

La Montée au ciel (1952)

Subida al cielo

1 h 25 min. Sortie : 26 juin 1952 (Mexique). Comédie

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 7/10.

Annotation :

La montée au ciel est un film mineur de Buñuel mais plein de fraîcheur et de charme. Il débute comme un documentaire qui serait un anti Las Hurdes puis, sous forme de comédie, mêle tranches de vie mexicaine et éternels problèmes de l'homme. Quoi de mieux pour cela que réunir dans un autobus brinquebalant différents personnages représentatifs de la société mexicaine et leur faire parcourir un voyage riche en détours et incidents. Parmi ces personnages, Lilia Prado, sorte de Brigitte Bardot mexicaine avant l'heure, incarne parfaitement la tentation que peut exercer le désir sexuel sur les hommes.
Les producteurs s'étant trouvés à cours de ressource avant la fin du tournage, le film a manqué de moyens et Buñuel a dû bâcler le final. Malgré tout on retrouve dans ce road-movie léger beaucoup de l'univers du cinéaste (séquence onirique, emprise du désir, critique sociale).

L'Enjôleuse
6.5
11.

L'Enjôleuse (1953)

El Bruto

1 h 21 min. Sortie : 5 février 1953 (Mexique). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 6/10.

Annotation :

Un riche propriétaire veut expulser les humbles locataires d'un terrain qu'il a l'intention de vendre. Dans ce mélodrame social, Luis Buñuel a soigné la photographie (très beaux noirs et blancs d'Angel Jimenez). Les personnages principaux ont de l'étoffe : la brute (Pedro Armendariz), l'enjôleuse (Katy Jurado), la douce Meche (Rosita Arenas) et le propriétaire (Andres Soler). Sans doute peut-on regretter que, dans le déroulement du film, le mélodrame prenne peu à peu la place principale au détriment de l'aspect social.

El
7.4
12.

El (1953)

1 h 30 min. Sortie : 2 juin 1954 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Ce film - qui compte parmi ceux pour lesquels Buñuel éprouvait le plus d'attachement - est le portrait d'un paranoïaque. Un portrait si juste que Jacques Lacan le présenta à plusieurs reprises à ses élèves. Cela contribua bien sûr à la gloire du film qui, après un mauvais accueil par le public et par la critique, est aujourd'hui devenu un classique.
La qualité de l'interprétation d'Arturo de Cordoba et de Delia Garces, parfaits dans leur rôle, ainsi que la magnifique photographie de Gabriel Figueroa contribuent à la réussite de l'œuvre.
Les cinéphiles ne manqueront pas de trouver les influences que ce film de 1952 eut sur certains films américains ultérieurs.

Les Aventures de Robinson Crusoé
6.2
13.

Les Aventures de Robinson Crusoé (1954)

Robinson Crusoe

1 h 29 min. Sortie : 5 août 1954 (Mexique). Drame, Aventure

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 6/10.

Annotation :

Premier film en couleur et premier film en langue anglaise de Luis Buñuel, cette adaptation du célèbre roman de Daniel Defoe connut un vif succés lors de sa sortie en salle.
Sur une trame narrative classique, parfois un peu ennuyeuse, le film abonde en détails réussis et originaux : rêves de Robinson, délicates évocations du désir sexuel, subtile remise en cause de la religion chrétienne par le "sauvage" Vendredi, belle idée de l'aboiement du chien, premier compagnon de solitude de Robinson, lors de son départ de l'île.
Le cinéaste montre sans les édulcorer les rapports très inégalitaires qui s'établissent entre Robinson et Vendredi en insistant sur la paranoïa de l'homme occidental mis en présence de représentants d'une culture différente .

On a volé un tram
6.4
14.

On a volé un tram (1954)

La Ilusion viaja en tranvia

1 h 26 min. Sortie : 18 juin 1954 (Mexique). Aventure, Comédie

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 7/10.

Annotation :

Parmi les films mexicains de Buñuel considérés comme mineurs, La ilusión viaja en tranvía est l'un des plus attachants. L'équipée des deux ouvriers à travers Mexico, à bord du vieux tramway destiné à la casse qu'ils ont décidé, par sentimentalisme, de faire rouler une dernière fois, permet au cinéaste de montrer quelques épisodes de la vie quotidienne dans la ville de Mexico, sans oublier la part de surréalisme (la séquence avec les bouchers par exemple). Comme dans chacun de ses films, même ceux qui sont en apparence les plus légers, Luis Buñuel fait preuve d'une conscience très affirmée de la réalité sociale et politique de même que transparait toujours sa rigueur morale.

Les Hauts de Hurlevent
6.2
15.

Les Hauts de Hurlevent (1954)

Abismos de pasion

1 h 31 min. Sortie : 30 juin 1954 (Mexique). Drame, Romance

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 6/10.

Annotation :

Adapter au cinéma un chef-d'œuvre de la littérature est une gageure. Il fallait le talent et la force créatrice de Buñuel pour s'en tirer honorablement. Les paysages mexicains, l'utilisation de la langue espagnole pourront surprendre, il me semble qu'ils apportent une touche de noirceur supplémentaire. ¡Une adaptation originale!

Le Rio de la mort
5.3
16.

Le Rio de la mort (1955)

El río y la muerte

1 h 30 min. Sortie : 30 juin 1955 (Mexique). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 4/10.

Annotation :

Ce film est sans doute le moins buñuelien de son œuvre. "Pour la première fois de ma vie, je réalisais un film à thèse et j'avais mauvaise conscience. La thèse était très discutable; quelque chose du genre : '' Si tous les hommes étaient à l'université, il y aurait moins de crimes.'' Vous imaginez !" dit Buñuel à son propos.
Il s'agit d'une sorte de western mexicain sur fond de vendetta dans lequel on tire beaucoup de coups de feu et où l'on meurt beaucoup. Le rôle du réalisateur ne dépasse pas celui d'un bon professionnel et le film vaut surtout pour ses descriptions ethnographiques et ses plans d'architecture moderne mexicaine.

La Vie criminelle d'Archibald de La Cruz
7.3
17.

La Vie criminelle d'Archibald de La Cruz (1957)

Ensayo de un crimen

1 h 29 min. Sortie : 27 avril 2022 (France). Comédie, Policier, Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Ensayo de un crimen est un petit chef-d'œuvre d'humour noir. De la scène inaugurale qui détermine la suite jusqu'à la fin ouverte, les échecs répétés d'Archibald dans ses velléités de tueur de dames s'enchaînent à la perfection comme une mécanique parfaitement huilée qui conduira pourtant inexorablement les femmes à la mort. Le juge, à la fin en tirera la morale, chère à Buñuel (et au marquis de Sade) : nos fantasmes les plus cruels ou les plus inconvenants n'ont rien de répréhensible et ne doivent générer aucune culpabilité ... tant qu'ils restent des fantasmes.
Pour finir sur une note tragique, on se souviendra que la seule jeune femme qui survit dans le film aura un destin tragique dans la réalité. En effet, peu de temps après le tournage, l'excellente actrice Miroslava Stern (Lavinia) se suicidera et son corps sera incinéré - comme il l'a été sous forme de mannequin dans une scène culte du film.

Cela s'appelle l'aurore
6.2
18.

Cela s'appelle l'aurore (1956)

1 h 42 min. Sortie : 9 mai 1956. Drame, Romance

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Adapté d'un roman d'Emmanuel Robles, Cela s'appelle l'aurore est un film très politique, très lutte des classes que l'on a parfois jugé un peu manichéen (défaut rare chez Buñuel). L'histoire est belle et émouvante, le Bastia des années cinquante est magnifiquement filmé et Lucia Bosé lumineuse de bout en bout.

La Mort en ce jardin
6.2
19.

La Mort en ce jardin (1956)

1 h 44 min. Sortie : 21 septembre 1956. Aventure, Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 6/10.

Annotation :

Cette production mexico-française est certes un film mineur dans l'œuvre de Luis Buñuel, mais c'est un film d'action réussi qui réunit en outre une pléiades d'excellents acteurs (Simone Signoret, Charles Vanel, Georges Marchal, Michel Piccoli). On y retrouve aussi quand même par petites touches beaucoup de thèmes chers à l'auteur, dont certains que l'on retrouvera traités plus en profondeur dans ses films suivants : les effets ambigus de la religion (Nazarin, Viridiana), l'évolution des comportements lorsque l'on est placé dans des situations extrêmes (L'ange exterminateur).

Nazarin
7
20.

Nazarin (1959)

Nazarín

1 h 34 min. Sortie : 30 novembre 1960 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 8/10.

Annotation :

Il faut se rendre à l'évidence, Nazarin est un film authentiquement chrétien. Francisco Rabal y incarne une sorte de "Don Quichotte du sacerdoce qui au lieu de suivre l'exemple des livres de chevalerie, suit celui des Évangiles" (L.B.). Un personnage très subversif donc, ainsi que le qualifie dans le film un autre prêtre rencontré au cours de ses pérégrinations. Mais partout où il passe, sa sainteté ne déclenche que superstition, mépris, haine et violence. Un beau film, noir et désespéré.

La fièvre monte à El Pao
6.2
21.

La fièvre monte à El Pao (1959)

1 h 37 min. Sortie : 5 décembre 1959 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 4/10.

Annotation :

De ce film Buñuel disait qu'il aurait aimé ne pas l'avoir tourné. C'est effectivement sans doute son plus faible. Non qu'il soit mal filmé ou mal joué mais le scenario, avec sa suite de complots sentimentalo-politiques, confine souvent au grotesque. On y parle et on s'y embrasse beaucoup : de l'anti-buñuel ! Il soulève pourtant une question intéressante : peut-on changer un système corrompu de l'intérieur ? Il reprend aussi le thème principal de Nazarin : comment de louables intentions peuvent conduire au pire. En fin de compte le film, sauvé par d'excellents acteurs (Jean Servais, Maria Felix) restera comme le dernier tourné par Gérard Philipe et l'on ne sait si son visage triste et fatigué est dû à ses qualités d'acteur ou aux premiers effets de la maladie qui va brutalement l'emporter.

La Jeune Fille
6.9
22.

La Jeune Fille (1960)

The Young One

1 h 36 min. Sortie : 5 juillet 1961 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Ce film, tourné en langue anglaise (le seul dans l'œuvre de Buñuel avec Robinson Crusoé), aborde le sujet du racisme aux Etats-Unis. Mais aussi celui des relations entre un homme mûr et une adolescente. Les protagonistes de ce huis-clos âpre et angoissant qui se déroule dans une petite île sont montrés dans toute leur complexité et toute leur ambigüité. C'est sans doute cette absence de manichéisme qui explique l'échec du film à sa sortie et son peu de reconnaissance aujourd'hui encore. Il s'agit pourtant d'un excellent Buñuel !

Viridiana
7.4
23.

Viridiana (1961)

1 h 30 min. Sortie : 4 avril 1962 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Après plus de vingt ans d'exil, Buñuel retourne dans l'Espagne de Franco pour tourner un film. Comment ne pas y perdre son honneur ? En réalisant un chef d'œuvre si dévastateur et si immoral (pour l'Espagne franquiste) que, malgré une Palme d'or gagnée à Cannes, le film fait scandale et se voit interdit jusqu'à la fin de la dictature.
Mais que l'on ne s'y trompe pas, le film est plus blasphématoire qu'antireligieux. Comme souvent chez Buñuel, l'idéalisme se heurte à la cruauté du monde réel. Et celle qui avait pour vocation de devenir une sainte finira dans un ménage à trois. Viridiana (Sylvia Pinal), comme Nazarin précédemment, est l'illustration parfaite du mot de Pascal "Qui veut faire l'ange, fait la bête".
Le film est si noir et désespéré que personne n'y trouve grâce : ni l'oncle (Fernando Rey) vieil hidalgo pitoyable, ni les miséreux recueillis par Viridiana qui sont odieux.
En plus d'être un grand moraliste, le génial aragonais se montre, comme toujours, lucide analyste de la société : Jorge (Francisco Rabal), le jeune héritier jouisseur et dynamique incarne l'avenir. Il est le prototype d'une bourgeoisie décomplexée qui va assumer le décollage économique de l'Espagne et prendre le pouvoir à la mort du dictateur.

L'Ange exterminateur
7.4
24.

L'Ange exterminateur (1962)

El ángel exterminador

1 h 33 min. Sortie : 1 mai 1963 (France). Drame, Fantastique

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Cette histoire de confinement est, à juste titre, un des films les plus célèbres de Buñuel. Il est d'une telle richesse que l'on pourrait l'interpréter à l'infini, l'interpréter à l'infini ...

Le Journal d'une femme de chambre
7.3
25.

Le Journal d'une femme de chambre (1964)

1 h 37 min. Sortie : 4 mars 1964. Policier, Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Adaptée d'un roman d'Octave Mirbeau, cette ''comédie humaine'' est à nouveau un grand Buñuel. Jean Claude Carrière y débute une longue et fructueuse collaboration avec le maître aragonais.
Il s'agit d'un portrait au vitriol de la bourgeoisie rurale de la France de l'entre-deux-guerre et de ses serviteurs, avec toujours un fond de tendresse ou de compassion pour l'humaine faiblesse de ses personnages, même les plus infâmes. On y sent aussi l'amour du réalisateur pour les acteurs et sa capacité à obtenir d'eux le meilleur. Tous y sont excellents et Jeanne Moreau crève littéralement l'écran.

Simon du désert
7.2
26.

Simon du désert (1965)

Simon del desierto

45 min. Sortie : 15 mars 1969 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Moyen-métrage de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 4/10.

Annotation :

Œuvre étrange que ce moyen métrage (43 mn), dernier film mexicain de Buñuel. Il nous montre les tourments de l'anachorète Simon, perché au sommet d'une colonne. C'est, à mon goût, le seul film ennuyeux du cinéaste.

Belle de jour
7.2
27.

Belle de jour (1967)

1 h 40 min. Sortie : 24 mai 1967. Drame, Romance

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 9/10.

Annotation :

Belle de jour est sans doute le film de Buñuel qui a eu le plus grand succès commercial. Il est certain que l'érotisme que dégage une œuvre entièrement consacrée à la sexualité et à ses perversions, envisagées aussi bien du côté féminin que masculin, n'est pas étranger à ce succès. Catherine Deneuve, dont la froide beauté irradie le film, me parait parfaite dans le rôle de cette bourgeoise frigide mais prise par ses fantasmes masochistes qui va aller jusqu'à se prostituer chaque après-midi dans un bordel parisien. Tout au long du film, scènes fantasmatiques et réalité se mêlent, et ce n'est pas sa moindre richesse que de nous laisser souvent dans l'incertitude sur la réalité de ce que l'on voit. À voir et à revoir donc.

La Voie lactée
6.7
28.

La Voie lactée (1969)

1 h 42 min. Sortie : 15 mars 1969. Comédie dramatique

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 8/10.

Annotation :

J'ai un coup de cœur pour ce film plein d'humour et d'intérêt sur un sujet aussi peu attractif que les disputes doctrinales et les hérésies qui ont parcouru l'histoire du christianisme. C'est le miracle de Buñuel d'avoir réussi à faire une œuvre aussi réjouissante sur un sujet aussi grave et désespérant que le fanatisme des hommes.
Le pèlerinage de deux vagabonds vers Saint Jacques de Compostelle constitue le fil conducteur du film qui permet une remarquable fluidité du récit entre époques et évènements différents. Le film est également porté par une pléiade d' excellents acteurs qui lui donnent une partie de sa saveur.

Tristana
6.9
29.

Tristana (1970)

1 h 39 min. Sortie : 29 avril 1970 (France). Drame

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 8/10.

Annotation :

Tolède, premier tiers du XXè siècle, d'un côté Don Lope (Fernando Rey), bourgeois libertin vieillissant, de l'autre Tristana (Catherine Deneuve, lumineuse), sa jeune pupille. Lui passera de la forfanterie à la décrépitude, elle de l'innocence au cynisme. Au regard des convenances et de la bienpensance de notre époque, on pourrait être tenté de n'y voir qu'une charge contre le patriarcat (?) conclue par un subtil masculinicide (?). Mais le film vaut mieux que cela, il nous montre des personnages pris dans des relations complexes qui les transforment profondément.
Et l'on appréciera une des scènes les plus érotique du cinéma : celle où Catherine Deneuve, à la fenêtre de sa chambre, montre son buste nu à un jeune sourd-muet. La charge érotique est d'autant plus forte que le spectateur ne verra rien.

Le Charme discret de la bourgeoisie
7.2
30.

Le Charme discret de la bourgeoisie (1972)

1 h 42 min. Sortie : 15 septembre 1972. Comédie

Film de Luis Buñuel

Guitarrero a mis 8/10.

Guitarrero

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