Difficile de faire une critique sur ce genre d’ouvrage.
En quelques sortes, on observe ici les limites de SC qui semble en particulier vouloir noter la qualité du récit.



Mais comment cela se passe lorsque le récit à noter est un texte religieux ou ici la biographie d’une femme qui s’est fait enlever lorsqu’elle était jeune fille et qui à subi pendant plus de 8 longues années les attouchements sacrément dégueulasses d’un détraqué parce qu’il n’arrivait pas à pécho des femmes de son age ?



Dans cette critique, je prendrais donc des gants ou/et des pincettes et m’abstiendrai de faire des blagues douteuses même si chassez le naturel il revient au galop.
Ma note ne comprends pas la qualité et l’atrocité des faits relatés dans ce livre, mais bien la manière dont ils sont racontés.


Pour le contexte, nous sommes le 2 mars 1998 et la petite Natascha Kampush se rend à l’école à pied pour la première fois après s’être disputé une enième fois avec sa mère. Forte de ses 10 ans, elle pense que rien ne peut lui arriver car elle possède un physique ingrat et ne correspond pas au portrait type recherché par les prédateurs qui font des ravages dans toute l’Europe durant cette période la. (Ouais, y'avait aussi du mauvais dans les années 80-90 aussi...)


Elle se rendra compte qu’il n’y a pas de profil type pour se faire enlever lorsque elle sera attachée dans le fond d’une camionnette puis séquestrée pendant 8 ans dans une cave spécialement aménagée pour elle.


Pour situer les plus jeunes lecteurs, vous devez savoir que cette affaire à fait pas mal de tapage et notamment autour de la jeunesse de ma génération (née dans les 90/95). Il s’est produit un truc totalement inédit, les parents avaient peur de laisser leur enfant jouer dehors.
Même si aujourd’hui et malheureusement il est commun d’apprendre qu’un homme avec des cases en moins à fait des enfants à sa propre fille après lui avoir infligé des supplices sur de longues periodes, l’Affaire Kampusch a été l'une des premières à faire sacrément du bruit.
Or, justement comme la jeune femme en parle dans sa biographie il a fallu que les bavures policières s’accumulent pour qu’elle soit enfin médiatisée.


De mon point de vue, elle a marqué mon enfance, j’avais 5 ans lorsque plusieurs affaires similaires ont commencé à faire trembler le territoire francais, et ma région a été le plus touchée. (Bourgogne quand tu nous tiens…) Les histoires des disparues de l’Yonne, d’Emile Louis, et de Fourniret, font maintenant partie de notre patrimoine culturel régional, en plus de la gougère et de la moutarde de Dijon.
Toutefois, à la différence de toutes ces affaires, le kidnappeur de Natascha ne s’est pas contenté de la violer, et de la tuer comme l’aurait fait Dutroux. Il est allé plus loin en la séquestrant et effaça complétement son identité aux yeux du monde, et c’est ca qui a donné de l’ampleur à cette affaire.
Surtout que soyons honnêtes, en connaissant un peu les éléments clés de l’affaire, on se rend facilement compte que si la police avait convenablement fait son travail, elle aurait été retrouvée deux jours après sa disparition et aurait trouvé des liens entre les divers réseaux pédophiles qui sévissaient à l’époque dans toute l’Europe.


Le récit ici fait par Natascha n’est en aucun cas à lire d’un air voyeur et pour soulager son esprit en quête de détails morbides. Ce qui est quand même attrayant, c’est que Natascha ne se sert pas de sa propre histoire pour se faire plaindre ou pour faire du « putaclic » mais bien pour montrer toutes les failles possibles et inimaginables dans une enquête policière. A cela, elle explique certaines scènes de son quotidien tout en restant floue. (un peu trop à mon gout étant donné que j'ai eu du mal à suivre la chronologie, mais en même temps c'est un peu dur de garder le fil lorsque l'on est enfermé sans repères temporels)

Toutefois, il faut être lucide elle va pas ecrire : Mardi, 12 octobre, mon ravisseur m’a violée 17 fois avec un balais…
Pour la petite anecdote, ce n’est pas la police qui a fini par retrouver la jeune fille, mais elle qui à du attendre une opportunité pour pouvoir s’enfuir. 8 ans après. Et elle a du vivre un calvaire face à toutes les critiques venant des medias et des services judiciaires la croyant juste en fugue.


L’affaire est considérée aujourd’hui comme résolue mais elle soulève pas mal de questions dans son sillage.
Notamment, celle de la parenté de cette affaire avec celle de Dutroux et d'un vaste réseau pédophile.
Pour le petit spoil,


ne vous attendez pas à un conte de fée, le ravisseur en pauvre lâche s’est suicidé lorsqu’il s’est fait attraper.


(Attention, le suicide ce n’est pas lache, c’est juste fuir face à ses responsabilités après avoir détruit des vies qui est lâche.)


En ce qui concerne le livre en lui même, on va pas se mentir, il mérite pas le prix Goncourt, mais en tous cas, il nous permet de voir jusqu’où la volonté peut nous mener, et même si l’auteure de cette biographie utilise cette dernière dans un but d’auto-promotion elle est un véritable message d’espoir pour toutes ces personnes qui ont un proche qui disparaît du jour au lendemain et notamment des enfants, comme Estelle Mouzin, enlevée à la sortie de l’école en 2003 sans laisser de traces.


A l’heure ou la pédophilie est sur le point d’être légalisée en France, j’en profite pour dire à ceux qui pensent que cette loi est utile à la société de lire cet ouvrage. Histoire de voir à quel point ces petites victimes sans défense souffrent psychologiquement.


Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez que si la barbarie était autorisée en France, vous n’auriez jamais pu lire cette critique.
Ma mère aurait pu se faire enlever par Fourniret si mon père l’avait pas menacé d’un fusil de chasse pour le faire fuir.

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le 21 août 2018

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