Après avoir lu Burn out et Artifices, du même auteur, je disais : « Je peux assurer que, pour ma part, commencer ce livre m'a forcé à m'y coller jusqu'à son terme ! Une belle réussite, une belle invitation à suivre cet auteur et son commandant le Guenn ! » J’ai donc accepté la possibilité que me proposaient les Editions Flamant Noir et NetGalley de découvrir ce titre « Affaires internes » de Didier Fossey. Mais je suis resté un peu sur ma faim. Je croyais pouvoir y suivre le commandant Le Guenn, tête centrale des opus précédents. Dépité, j’ai remis au lendemain puis aux lendemains des lendemains, l’écriture du billet à propos de ce livre. J’ai eu tort. C’est mon attente qui était à reconsidérer, pas le talent de l’auteur. Je me dois de rendre justice à Didier Dossey dont le maniement de la langue semble couler de source, reste fluide, naturel, direct et pourtant nuancé et porteur de bien des sentiments, parfois contradictoires que l’auteur met dans la tête et le cœur de ses personnages. C’est travaillé, efficace.
Avec Affaires internes, on a un polar qui pose de bonnes questions. Jusqu’où peut-on aller pour atteindre son but ? La fin justifie-t-elle toujours les moyens ? Spontanément, je répondrais ‘NON’, bien sûr. Mais à y regarder de plus près, ne trouverais-je pas des circonstances atténuantes aux dépassements du permis ? Des raisons d’au moins m’interroger sur ce qui conduit à de telles décisions ?
Dans ces « Affaires internes », on fait la connaissance d’un chef de police, responsable des équipes BAC de nuit, Yann Rocher. Ce flic reste marqué par la disparition accidentelle de sa femme, victime collatérale de la connerie gonflée de deux mecs aux egos surdimensionnés cherchant à s’installer en vainqueur d’une course poursuite de voitures. Deux tarés qui s’en sortiront sans trop de mal mais laisseront une gamine, la fille de Yann Rocher, lourdement handicapée et sans maman ! Yann connaît les responsables. Une soif de vengeance le submerge de plus en plus. Jusqu’où ira-t-il ? L’idée d’un flic quelque peu cabossé n’est pas nouvelle dans la littérature de ce genre. Peut-être révèle-t-elle une réalité plus courante que ce que ne laisse transparaître les discours pontifiant des responsables de police ?
Pour Yann, la vie continue. Elle ne sera jamais comme avant. Et parallèlement à ce poids, ce souvenir atroce qui le ronge, il doit s’occuper de nouvelles enquêtes dont la série de vol à mains armées qui sévit dans toute la France. Pas simple de vivre son boulot de flic tout en se ménageant le temps d’être très présent auprès de sa fille handicapée ! Les trois personnages, le flic, le père et le pétri de vengeance doivent se partager une seule et même carcasse, le corps, les faits et gestes de Yann Rocher, border line de son état. Le personnage sera attachant tout au long du récit même s’il est torturé et limite, limite à plus d’une page.
On a donc affaire à un bon polar, parfaitement maîtrisé par une plume qui donne de croire et aux faits, et aux ressentis des protagonistes. Un bon moment de lecture ! Merci aux Editions Flamant Noir et à NettGalley pour cet envoi et mille excuses pour la lenteur de ma réaction qui était une injustice vis-à-vis de l’auteur et un manque de courtoisie envers la maison d’éditions et NetGalley. Puissent-ils me pardonner.
Je recommande ce livre et le recommanderai sur tous mes réseaux sociaux habituels.

Créée

le 18 mai 2021

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