Amalia respire profondément est un monologue en huit séquences écrit par Alina Nelega, une dramaturge roumaine née en 1960.
Dans cette pièce, le lecteur suit le parcours de vie de l’héroïne, Amalia, à travers sa voix et ses paroles mi-enfantines, mi-adultes. On part de l’enfance dans une Roumanie des années 50. Et on finit par la mort de cette femme, seule dans une maison de retraite au début de la période communiste.

Tout au long de la pièce, un leitmotiv se profile. Celui du souffle. La mère d’Amalia, avant sa mort, lui apprend comment “respirer profondément”. C’est-à-dire, comment survivre dans une atmosphère sombre où le politique étrangle et où ta propre vie ne t’appartient plus. Dans la première séquence, Amalia s’adresse à Dieu et lui demande quelques faveurs, des faveurs assez insolites pour certaines d’entre-elles. C’est là qu’elle évoque comment sa maman lui apprend “à devenir un ange”.

"Il faut respirer profondément, assez profondément. Tu respires de plus en plus profondément, tu agites les mains comme ça, et, au bout d’un moment, tu commences à t’élever lentement. Tu respires de plus en plus profondément et tu te mets à planer, doucement, de plus en plus doucement, de plus en plus haut, jusqu’à ce que tu te perdes à l’horizon-et tu ne toucheras plus jamais terre".

On aura tout au long de la pièce cette référence au souffle et à la respiration. C’est le seul échappatoire d’Amalia, qui a perdu plusieurs membres de sa famille. Son père, sa mère, sa grand-mère, son frère Vitka. Ce dernier n’est pas mort mais il a été contraint de partir en raison de son homosexualité. D’autres ont été tués à cause de leur prise de parole, leur engagement trop engagé au goût de cette Roumanie engluée dans un régime totalitaire.
C’est le cas notamment de Victoras, le fils d’Amalia. Le début de la cinquième séquence nous présente l’héroïne, déposant des fleurs sur une tombe. Elle parle à son fils de sa vie, de ses projets de voyage au Japon, de son nouveau mari et de ses infidélités à lui. Mais aussi à elle. Ce passage est d’ailleurs très drôle.
L’écriture d’Alina Nelega est simple, précise et joue sur l’ironie et encore plus sur la figure de l’euphémisme. Comme si tout allait bien, en réalité dans ce monde toxique où Amalia respire profondément.
Jumpy
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le 29 mai 2013

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