Ombre s’apprête à sortir de prison pour une peine purgée à cause d’un braquage. Il n’a pourtant rien d’un criminel. D’un naturel sympathique et avenant, il a purgé ses 3 sans chercher d’ennuis, profitant du temps à disposition pour apprendre des tours de magie. A sa sortie il devait retrouver sa femme, Laura, et travailler à la salle de sport de son meilleur ami. Mais hélas un accident dramatique vint changer ses plans auxquels il s’accrochait… C’est alors qu’apparaît un étrange homme qui lui propose du travail : l’accompagner dans ses voyages et le protéger. Avec cet homme, sobrement appelé Voyageur, Ombre n’est pas au bout de ses surprises et accumule les rencontres et phénomènes étranges. Des êtres excentriques, capable de faire apparaître une pièce comme par magie à partir de la lune, une créature à tête de bison qui lui parle en rêve, sa femme qui semble être de retour parmi les morts, des hommes le kidnappent au service de commanditaires étranges aux noms insolites, un personnage de TV qui se met à lui adresser la parole...
Et pour cause, Voyageur n’est autre que Odin, le Père-de-tout, et il tente de recruter le maximum de dieux anciens dans une guerre qui les oppose aux nouveaux Dieux de l’Amérique, Internet, la télévision, l’automobile, les chemins de fer et d’autres encore !
Parmi les alliés qu’il rencontre avec Voyageur, l’un veut l’assommer à coup de battes, et l’autre est une déesse qui avale les hommes qui la vénèrent au moment de l’acte…
Ombre est rapidement pris à parti par l’ennemi, qui espère lui soutirer de l’information et lui faire changer de camp. Il peut compter sur l’aide de sa femme, sortit de terre sous forme d’un cadavre ambulant qui a un peu de mal à s’adapter à sa nouvelle condition.
Pourquoi l’a-t-on choisi lui ? Est-ce en rapport au fait qu’il semble être capable de faire tomber la neige, de vivre des rêves que d’autres ressentent ?
Le fantastique, avec des éléments irréels qui s’incrustent dans le réel, est vraiment le genre qui définit ce livre, et apparemment le genre de prédilection de l’auteur, Neil Gaiman. Pas de créatures mythologiques avec des pouvoirs redoutables s’affrontant dans les rues modernes, non ici la magie est discrète : réunion télépathique, dimension parallèle auquel on accède via des lieux énergétiques sacrés, communication avec des animaux...
Les dieux anciens se sont mêlées depuis des siècles auprès des humains, ont adopté une forme tout à fait banale qu’il serait impossible de les reconnaître. Si certains restent cachés, sous forme animale ou reclus, d’autres sont parfaitement intégrés et côtoient tous les jours des mortels.
Dieux anciens de tout horizon, des terres d’Europe du nord aux régions africaines. Des Dieux, mais aussi des créatures mythologies, djinns et autres lutins. Emporté en Amérique par les immigrés, des esclaves ou encore des conquérants les Dieux se sont installés en Amérique, où avec le progrès et la technologie, ont été peu à peu oubliés. De nouvelles divinités sont apparues, issues des nouvelles inventions, du désir humain à consommer et aller de plus en plus vite, ou encore de l’attrait du divertissement de masse. Ces nouveaux dieux sont arrogants, mais aussi anxieux, conscients qu’avec un monde en changement constant ils peuvent disparaître aussi vite qu’ils sont apparus.
Grâce à une écriture fluide, l’histoire se lit agréablement et on suit les aventures de Ombre dans son étrange mission, curieux de découvrir comment ça va évoluer et quelle forme prendra cette fameuse guerre.
L’histoire se suit agréablement, oui certes, mais traîne un peu. Car Ombre voyage pas mal : réunion au sommet à l’intérieur d’une attraction touristique, un passage au sein d’une entreprise mortuaire, un petit village tranquille… et semble plus subir les événements que prendre ses propres décisions. S’il a du mal à croire à tout ce qu’il voit et se demande pourquoi on l’a choisi lui, désireux d’en finir au plus vite avec toute cette histoire, il semble accepter tout ce qui se passe sans être plus étonné que ça, comme très rapidement résigné à ne rien comprendre et à être dépassé. Il va où on lui dit d’aller, même s’il ne sait pas pourquoi ni où se trouve son employeur. Sa psychologie aurait mérité d’être plus développée. Elle l’est un peu malgré tout, puisqu’il prend justement conscience qu’il vit sans vivre vraiment, mais il faut attendre la fin pour qu’il reprenne les rênes.
Il fait beaucoup de rencontres, sans que l’on comprenne bien quel est le rôle de chacun. Et il est même parfois un peu difficile de se rappeler qui est qui et à quel moment il a été rencontré (du moins pour ma part). Si bien que l’on peut se demander quelle est la finalité de tout ceci…
Certes à la fin les révélations arrivent, comme la vraie raison de ce conflit ou la raison du choix d’Ombre, mais l’histoire semble comme avoir été un peu étirée, et pourtant sans avoir vraiment permis de développer d’avantage l’univers. J’aurais aimé voir plus de dieux anciens, et surtout les nouveaux, dont au final seul deux représentants sont apparus. Certes, ce fut un voyage fort agréable dans les Etats-Unis, et la ville de Lakeside est bien jolie, mais question mythologie, je suis un peu resté sur ma faim et cela a un peu diminué mon plaisir de lecture en deuxième partie.
Un écueil que l’adaptation en série pourrait peut-être palier, ce format étant l’idéal pour développer un univers.
Outre une légère déception par rapport à mes attentes et à la réputation dont bénéficie ce livre, la lecture fut malgré tout globalement agréable, l’histoire ne manquant pas de bonnes idées.