Anna Karénine par -Twist-
Emballé par la lecture de 'La Guerre et la Paix', je me suis jeté sans hésitation dans 'Anna Karénine'. Et j'en ressors... mitigé.
Il y a dans ce roman de très belles scènes. Deux notamment et qui sont pourtant toutes bêtes: celle quand Levine part faucher avec ses paysans et quand les femmes vont se baigner (les deux en plein coeur du roman).
Il y a dans ce roman un personnage incroyable qui est Anna Karénine. Tolstoï le crée tellement bien que pendant longtemps (avant que le charme ne se renverse et qu'elle devienne très irritante), j'ai du avoir un sourire sur les lèvres à chacune de ses apparitions. On sent tout le charme, toute la sensualité, tout l'éclat qu'elle dégage.
Il y a une belle ambition dans ce roman: celle de montrer deux trajectoires amoureuses aux destinés bien différentes. L'une portée par le coup de foudre qui va s'étioler (alors qu'il n'y a pas vraiment de raison) et l'autre par l'amour plus sage, un peu plus résolu.
Mais il y a aussi un manque de rythme. Peut-être est-ce du au fait qu'il a été publié en feuilleton, qu'il a été écrit sur de nombreux mois ou que Tolstoï pendant longtemps l'a détesté, mais il manque à ce Anna Karénine du coffre sur pas mal de passage. Il y a des parties qui sont longues, peu passionnantes, où même Tolstoï semble s'ennuyer.
L'idée de l'auteur de centrer son propos sur Levine (car le vrai héros c'est lui) est problématique tant ce personnage (ou lui même), s'il a quelques aspérités a le charisme d'une botte de foin.
Et puis cette 8è et dernière partie imbitable et insupportable, heureusement presque sauvée par un échange passionnant sur la guerre Russo-Serbo-Turc.
Et toujours chez Tolstoï (enfin pour ce que j'ai lu de lui, cela va sans dire), ces digressions philosophiques-mystiques qui ne débouchent sur rien, ou en tout cas pas grand chose.
Anna Karénine a de très beaux passages mais qui sont souvent gâchés par un rythme et un souffle qui ne manquent pas à 'La Guerre et La Paix'. Bref, pas plus touché que cela par ce chef d'œuvre.