Après la découverte de la littérature russe à travers Crime et châtiment de Dostoievski, je me devais de lire du Tolstoï. Etant pacifiste, j'ai fait l'impasse sur Guerre et paix pour me tourner vers Anna Karénine, la seconde oeuvre majeure de Tolstoï. Ce roman considérait, à juste titre je pense, comme féminin voir féministe ne me faisait nullement peur puisque nourris aux grands classiques du cinéma sentimentale par ma grande soeur!
Dès les premières pages, on sent le talent de l'auteur. J'étais bluffé par le style de l'auteur et surtout la description des personnages. Tolstoï parvient à décrire ses personnages de manière totalement détachée, sans en juger les pensées ou les actions. C'est très fort. Chaque personnage agit selon ses convictions et qu'importe ses motivations, on ne sent aucune envie de l'auteur de rendre un personnage antipathique. Ceci est remarquable notamment pour des actes allant contre la moralité de l'auteur.
La création des personnages est un atout majeur de la littérature russe (que j'ai lu, en tout cas) et ça tombe bien puisque ce roman est remplit de personnages tous différents, tous très fouillés et très loin des stéréotypes. D'ailleurs, un reproche à ce roman, pourquoi Anna Karénine? C'est certes, l'élément perturbateur du début de roman mais ce n'est pas le personnage central, ni le plus intéressant selon moi. En plus, à mi roman, on sait quasiment ce que sera la vie d'Anna dans la suite du roman. J'ai largement préféré le personnage de Lévine, ses péripéties amoureuses, son questionnement sur la société et le travail. Nous y voyons les prémices d'une idée noble au départ qui est le communisme. Immersion dans la société russe de la fin du 19e serait un titre, certes moins beau mais plus représentatif du roman selon moi.
J'ai beaucoup aimé ce roman même si j'avais un peu hâte de le finir dans les 200 dernières pages. Ça traine en longueur d'autant que l'égoïsme de Vronski vers la fin m'a littéralement insupporté. J'ai davantage apprécié le personnage principal de Dostoieski pour son coté torturé, ici, il n'y a pas de vrai personnage principal mais la description de la société russe de l'époque qui est d'une justesse incroyable. Si je ne devais retenir qu'une scène, je dirais la déclaration d'amour de Lévine empreint de de pudeur, de respect et d'émotion. Rien que pour cela, la lecture de roman est essentielle et par la même occasion, vous visiterez la Russie bourgeoise de la fin du 19eme!