Antigna ou la passion des humbles

Résumé : Extrait du livre :L'ENFANCE et la JEUNESSE orléanaisesUne fenêtre s'ouvre et des volets claquent au premier étage d'une spacieuse maison bourgeoise à porte cochère, sise à Orléans, au numéro 35 du Faubourg Bannier. Bien qu'il ait sans doute passé une nuit blanche, Jean Antigna, marchand de vin, exulte en ce petit matin acide du 7 mars 1817 : à quatre heures presque sonnantes, son épouse Anne l'a comblé en lui donnant un fils auquel il pourra, le moment venu, passer le flambeau du commerce. La succession semble assurée. Mais ce que le jeune père ignore, c'est que les bonnes fées qui président aux naissances ont voué cet enfant à l'art, pas au négoce.Selon la volonté de ses parents, le bébé portera les prénoms de Jean-Pierre-Alexandre : Alexandre, en souvenir d'un oncle de la branche paternelle ; Jean-Pierre, parce que c'est une tradition familiale inaugurée par l'arrière-grand-père du nouveau-né, un brave tonnelier établi à Orléans et natif d'une petite ville beauceronne, Artenay, berceau de la famille depuis le début du XVIIe siècle. L'aïeul s'est éteint paisiblement dans son domicile du Faubourg Bannier, à Orléans, quelque dix ans plus tôt, le 4 octobre 1807, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Il était veuf, depuis une douzaine d'années, de Marguerite Belletoise dont il avait eu un fils devenu marchand de vin, né à Artenay en 1757, décédé à Orléans à l'âge de cinquante-huit ans, et portant également les prénoms de Jean-Pierre. Le 17 juin 1783, ce dernier avait épousé Marie-Madeleine Tarragon, fille d'un voiturier prénommé Jean-Baptiste et d'Elisabeth Bellouet, de la paroisse Saint-Paterne d'Orléans. Six enfants étaient nés de leur union.Deux filles : Marie-Madeleine, venue au monde en 1785, Emilie-Suzanne, au tout début de la Révolution, et quatre fils : Jean-Pierre (1784-1848), futur p