Eduardo Mendoza, le barcelonais qui a si souvent évoqué l'histoire de sa chère cité catalane, s'attaquant à une histoire purement madrilène, qui plus est à l'aube de la guerre civile, les aficionados de l'écrivain ne pouvaient que s'en pourlécher les babines d'avance! Et point de déception il n'y a dans cette Bataille de chats (Los gatos, les chats, est le surnom donné aux habitants de Madrid) qui est un condensé explosif de ce qu'on peut trouver de meilleur dans plusieurs genres littéraires : le récit historique, le roman policier, la chronique sociale et même, et peut-être surtout, le vaudeville. Sans oublier la touche essentielle d'ironie très "mendozienne". Placé au coeur de l'intrigue rocambolesque trône un tableau inconnu de Vélasquez (un nu !), qui nous vaut quelques pages savoureuses d'érudition à propos du peintre, de son époque et de son style. Sinon, on croise aussi le général Franco, complotant, des affidés de la Phalange, des policiers dépassés, un espion russe, une pauvre fille de joie, une belle fille qui met en joie, etc. Tout ce petit monde gravite autour du tableau mystérieux et de l'anglais qui est venu l'expertiser, dans le plus grand secret. Le dénommé Anthony Whitelands, devenu cible mouvante, n'en perdra pas son flegme pour autant. Brillant, racé, sardonique, follement ludique, Bataille de chats est d'autant plus passionnant qu'il est fort documenté. De ce Madrid de 1936; personnage à part entière, on a le sentiment de prendre le pouls et d'en sentir les émotions. Jusqu'au goût des churros, le matin, accompagnés d'un café noir comme la conscience des personnages de ce roman jubilatoire.

Cinephile-doux
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le 16 févr. 2017

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Bataille de chats – Madrid 1936
JoriAbtour
5

Critique de Bataille de chats – Madrid 1936 par Jori Abtour

Tout ça... pour ça ! Un peu irréaliste, malgré de jolies descriptions de la vie madrilène et une rapide plongée dans le milieu des militaires putschistes et des phalangistes espagnols.

le 1 sept. 2013

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