(pas de spoil ici)
Un grand Maupassant, un grand écrivain au sommet de son talent.
Un grand roman, qui tient en haleine et qu'on ne lâche plus.
Une écriture fluide et belle. Comme dans "Une vie", j'ai eu envie de la déclamer à haute voix.
Une grande analyse de l'âme humaine, montrant jusqu'où peut réussir un être sans foi ni loi.
Une jolie peinture de la société parisienne (j'ai failli dire "française") de la fin du 19ème.
Une intéressante période de la France, lancée dans sa politique de colonisation.
En bref, tout est beau dans ce Bel-Ami (mis à part le personnage principal).
Si je puis m'autoriser un petit bémol personnel, c'est de ne trouver dans l'ouvrage que bien peu d'éléments contextuels sur la société française des années 1880. A part le contexte politique omniprésent, évoqué pour servir de sujet aux turpitudes de l'arriviste Georges Duroy et de son journal politicard (bel exemple du 4ème pouvoir !), on n'apprendra rien de ce qui animait le tout Paris à cette époque en matière de mode de vie (à part les restaurants et cabarets des 8e et 9e), de grandes découvertes et inventions (pourtant nombreuses, on imagine que cela peuplait les conversations...), et de l'histoire contemporaine en général (hormis la colonisation du Maghreb). Oui, bien-sûr, ce n'est pas le sujet, mais personnellement j'aime qu'un roman nous enseigne sur son contexte historique.
Le pendant de cette constatation est bien-sûr que Bel-Ami est une oeuvre si forte qu'elle se tient toute seule, indépendante de son contexte, qu'on pourrait transposer dans d'autres milieux et d'autres périodes, même aujourd’hui.
Pour finir, il faut lire la réponse de Maupassant, datée du 1er juin 1885, à ses détracteurs l'accusant de ridiculiser la presse en général et d'assimiler tous les journalistes à Bel-Ami. Il s'en défend et résume le sens du livre : la vie d'un aventurier, qu'on rencontre dans toute profession, devenu journaliste par hasard, qui réussit ici dans la presse parce que ce milieu se prêtait le mieux à une ascension rapide et diversifiées comme le voulait Maupassant, et qui, surtout, sans talent particulier, devra son avenir aux femmes...
La lettre est ici :
https://www.hs-augsburg.de/~harsch/gallica/Chronologie/19siecle/Maupassant/mau_bacr.html