Bel-Ami, quel meilleur surnom pour ce jeune journaliste dont on va suivre l'ascension dans la société mondaine parisienne? Bel-ami et non bon-ami, pour ce jeune arriviste, égoïstement occupé à briller en société et gravir les échelons en utilisant les armes à sa disposition: sa seduction et son opportunisme.
La plume de Maupassant est fluide et décrit avec précision les rouages d'une société parisienne qui prend vit sous nos yeux, les personnages principaux ou secondaires sont tous intéressants et contribuent à rendre cette micro société très réelle. Notre bel-ami est un héros sans morale et peu loyal, mais il n'est pas foncièrement mauvais, il joue le jeu de la société qu'il côtoie avec ambition et froideur. Sans scrupules, n'hésitant pas à se servir du coeur des femmes pour parvenir à ses fins, il sera néanmoins récompensé par la vie, et en aucun cas son amoralité ne sera punie par un quelconque dieu ou coup du sort. C'est bien là le coup de maître de Maupassant, mettre en perspective le comportement du héros avec la précarité de la vie (symbolisée surtout par deux personnages, vieux ou mourants) et nous montrer que bel-ami ne fait que participer à cette grande comédie qu'est la vie en société. Mais pour jouer il faut être plusieurs, les personnes qu'il côtoie sont aussi amorales et peu scrupuleuses que lui, c'est juste que lui s'y prend mieux.
En plus Maupassant nous offre une belle description du monde du journalisme et de sa collusion avec la politique (toujours d'actualité certainement...), et le parisien que je suis a pris beaucoup de plaisir à découvrir le mode de vie parisien de la fin du XIXe siècle. Un classique.