Traités en cinq chapitres (créatures aériennes, terrestre, souterraines, sous-marines et « border line »), les monstres qui parcourent ce Bestiaire imaginaire sont l’occasion d’un petit tour d’horizon de ce que la curiosité, l’ignorance, l’humour, le besoin d’imaginaire et occasionnellement « le sommeil de la raison » (Goya) peuvent susciter. Outre les incontournables : griffon, phénix, dahu… l’ouvrage est peuplé de chimères moins connues, tels que le nunda, le qilin ou l’olitiaou ; l’amateur de canulars retrouvera le reniflard chuintant et les autres rhinogrades ; une rubrique est même consacrée à un animal tout à fait réel – il faut dire que c’est l’ornithorynque… Plutôt généreux, donc, le Bestiaire imaginaire consacre deux pages à chaque créature, parfois moins lorsque la créature en question n’a pas marqué les esprits, quelquefois plus pour les plus connues.
Le livre lui-même a de l’allure : en regard des textes, synthétiques mais riches et jamais redondants, de chouettes illustrations font la part belle aux enlumineurs du Moyen Âge et à Aldrovandi. (On pourrait s’étonner de ne pas trouver de Jérôme Bosch, mais il est vrai que ses monstres à lui n’ont pas de nom.) Du côté des œuvres littéraires citées, on retrouve au premier chef les Étymologies d’Isidore de Séville ou la Tentation de saint Antoine de Flaubert, mais la bibliographie en fin d’ouvrage propose d’autres pistes au lecteur que la lecture du Livre des êtres imaginaires de Borges n’aurait pas assouvi.
Ce Bestiaire imaginaire plaît finalement aux yeux comme à l’esprit, même s’il manque à mon avis d’un petit quelque chose – une tonalité un peu plus littéraire ? des interprétations un peu plus poussées ? un parti pris d’ensemble qui ne le fasse pas ressembler à une visite dans l’enfer (1) d’un musée d’histoire naturelle ? – pour devenir un incontournable.


(1) J’ignore si les musées d’histoire naturelle ont un enfer similaire à celui des bibliothèques, mais peu importe.

Alcofribas
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le 31 mars 2018

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