Il y a une chose qu'il faut reconnaître à Tolkien : c'est un bâtisseur de mondes sans pareil. On ne peut que s'incliner devant son énorme travail, et il ce serait un acte de mauvaise foi de ma part que de nier le poids énorme que ce monsieur a eu dans la construction de ce genre qu'est devenu la Fantasy. Pour autant, si la lecture du Hobbit m'a été relativement agréable, je peine à le considérer comme un grand livre et je suis un peu étonnée de le voir auréolé d'une telle réputation. Si on le sépare de la Trilogie LOTR et qu'on le prend tel quel, il n'est finalement qu'une histoire sympathique, un conte bien enrobé pour enfants mais qui reste prévisible et inutilement verbeux.
Par acquis de conscience je vais rappeler l'histoire : le Hobbit narre les aventures de Bilbo Baggins, incorporé en tant que cambrioleur à la compagnie de nains de Thorïn Oakenshield. Le but de la troupe est de retrouver le trésor de leurs ancêtres, volé par le dragon Smaug, et de reconquérir ainsi le royaume dont Thorïn est le légitime souverain. C'est un grand classique du genre, une aventure aux dimensions épiques et personnelles, où se succèdent périls, batailles et jeux d'esprit.
Les structures de récit classiques ne me dérangent pas forcément : ce qui m'a un peu plus embêté ici, c'est que le Hobbit est désespérément « gentillet ». Les personnages sont très manichéens, les combats souvent très sages... roman pour enfants ne veut pas forcément dire puéril, or c'est souvent le cas ici. Il faut attendre l'arrivée au pied de la Montagne et le premier contact avec Smaug pour commencer à avoir des choses un peu plus solides et rythmées. De plus, sans doute ai-je été influencée par les films (que j'ai vu avant de lire ce livre), mais les personnages m'ont semblé fades : excepté Bilbo, assez adorable, et Smaug qui se révèle aussi charmeur qu'impressionnant, aucun ne brille vraiment. Gandalf est quasi inexistant, et Thorïn, loin d'avoir le caractère incisif qu'il a à l'écran, est un nain comme les autres, dont on a du mal à s'imaginer qu'il puisse devenir un jour Roi Sous la Montagne.
Même si j'ai profité de la nouvelle traduction, apparemment plus accessible, le style m'a semblé très lourd par endroits. Les descriptions sont très factuelles et froides, manquent de poésie et entravent un peu le rythme. Dommage, car Tolkien est un narrateur assez facétieux et drôle dans le fond : ce genre de verbiage a sans doute sa place dans des œuvres de grande envergure comme la trilogie LOTR, mais c'est ici assez mal dosé, du moins à mon sens.
Bien sûr, malgré ces reproches, Le Hobbit reste un bon livre. Disons juste qu'à force de lui bâtir une telle réputation, il ne pouvait absolument pas répondre à toutes mes attentes. Je le referme néanmoins sans rancune : il n'a pas été un bouleversement total, mais est resté quand même distrayant. C'était sans doute tout ce qu'on lui demandait à la base.