Véritable conte de philosophie, Candide ou l’optimisme nous entraîne dans une épopée folle et amène au fur et à mesure dans un apprentissage satirique.
Ce roman est publié en 1759 à Genève, lieu choisit sûrement pour échapper à la censure, sachant aussi que Voltaire n’avait plus le droit d’approcher Paris à cette période. Cette satire, dès sa première ligne, annonce la couleur. Cette couverture, « le docteur Ralph » lui permet d’échapper une fois de plus à la censure, car bien-sûr, le Royaume de France n’aurait jamais accepté de publier un livre de cette nature, et en plus de l’ironie de Voltaire, voyant toutes les insultes qu’il contient sur la capitale, la monarchie absolue et la Religion. Evidemment, ce n’est pas parce que l’on dit que ce livre est traduit de l’allemand et par un docteur qu’il sera publié sans dommages pour Voltaire, mais il faut se rendre compte du contexte de l’époque.
Candide, tel l’indique son prénom, est un personnage innocent, naïf, qui vit dans « le meilleur de mondes possibles », comme lui a-t-on apprit, par son enseignant de métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie, Pangloss, « l’oracle de la maison, le philosophe ». Epérdument amoureux de la fille de son oncle, Cunégonde, il se fait banir du domaine par son oncle en personne. Alors commence pour Candide une aventure hors-du-commun ; soldats bulgares, rencontre inespérée avec Pangloss, tremblement de terre de Lisbonne, la vieille, Cunégonde, leurs histoires, le pays d’Eldorado, et j’en passe. Et tout ça pour finalement finir dans une maison à faire du jardinage.
Je ne vais pas traîter ce roman d’ennuyeux, même si il ne traîte pas des sujets inhabituels et parfois inintéressants, car sa narration est trop forte et les thèmes trop passionnants et cruels. L’attaque de Voltaire, qu’il transcrit à travers divers personnages, comme Martin, ou le professeur de Candide qui dit toujours que tout va bien dans la meilleur des mondes, et qui Candide croit pleinement, envers la philosophie optimiste et totalement irréaliste, est donc le vrai sens de ce roman. Tout d’abord avec Candide, qui lui est vraiment touché par cet imaginaire, puis quand lui-même se rend compte petit à petit de l’horreur et la cruauté de ce monde. On ne croit pas à toutes ses aventures inventées, mais elles sont à nouveau une couverture. Il aurait pu directement écrire tout un texte argumentatif sur la critique du monde et de la société, mais c’est là son génie. C’est impressionant de voir à quel point ces textes nous touchent encore, à quel point ces textes étaient modernes.
Candide ne doit pas tout simplement être perçu comme un roman de philosophie, ou un conte, on doit se rendre compte des risques qu’a pris Voltaire en l’écrivant et débalant cette mentalité. Disons-nous que toutes ses années de prison et de souffrances n’ont pas servi à rien, et la Révolution Française, elle, a bien suivi les leçons.
Papilloncocasse