Surprenant, décalé et un peu barjot

Voici un livre dont il est très difficile d'en faire une critique tant le ressenti du lecteur a de l'importance. J'imagine sans problème que certains vont adorer ce livre mais d'autres l'abandonneront assez vite.
L'histoire est une sorte de road-movie humanitaire qui se déroule en Balanklavie. Et le résumé de la quatrième de couverture résume très bien le propos de James Holin. Le narrateur et son camarade Roy sont envoyés dans une Balanklavie (L’allusion à l’ex-Yougoslavie est transparente. Si l’auteur a choisi de la rebaptiser Balanklavie, c’est qu’il ne souhaitait privilégier aucune des parties prenantes.) agitée par les derniers soubresauts d’une terrible guerre civile. Au sein de l’YCQF, affublés d’une casquette orange, désorientés par la cruauté des seigneurs de guerre et la beauté des femmes, sous les balles des snipers et le mépris des ambitieux, ils vont entreprendre de transformer les ruines de ce vieux pays à la géographie tourmentée en un « Cosmo-World » idéal tiré de l’imagination fébrile des organisations internationales. Nos deux compères à l’esprit caustique n’en reviendront pas intacts.
Avec ce récit cru, concis, tranchant et sans détour, James Holin nous plonge dans une ambiance surréaliste, non dénuée de poésie et ponctuée de traits d'humour vachards  !
C'est très bien fait, bien écrit, truffé d'un vocabulaire de comptoir, mais jamais vulgaire, toujours précis, et parfois féroce. Les allusions aux dérives de notre société sont fréquentes et certaines scènes, qui semblent vécues, sont racontées avec un aplomb décalé sur un ton humoristique.
Si vous n'avez pas peur d'être surpris et un peu malmené, lancez-vous dans cette lecture malicieuse.
J'aurai d'ailleurs la faveur de croiser James Holin, le 28 novembre prochain lors d'une séance de dédicace.