Cent ans de solitude par Nanash
Second prix Nobel que je lis et second excellent roman, bien que d'un style parfaitement différent. J'imagine bien que tous ne peuvent me plaire mais il semblerait que la littérature sud-américaine commence à me séduire.
Le roman se présente comme l'histoire d'une dynastie, les Buendia. Lorsque José Arcadio Buendia fonde avec plusieurs comparses Macondo au bout du bout du rien suite à leur échec de trouver un accès à la mer. La fondation du village en elle-même donne le ton du roman. Épuisés par leur recherche d'une voie vers la mer ils n'y croient plus et s'arrêtèrent, ainsi fut né le village.
Très rapidement les premières générations de descendants apparaissent et une incongruité détonne dans le roman.Tout les mâles s'appelleront soit Arcadio soit Aureliano. Pour les filles ça sera, à de très rares exceptions, Ursula ou Remedios. Le lecteur tente au début de suivre chaque personnage individuellement, l'auteur prend un malin plaisir à nous perdre dans tous ces homonymes. On comprend alors que les prénoms ne sont pas faits pour décrire des personnes mais des personnalités, des traits de caractères. Qu'importe qu'untel soit le père, le grand-père et l'oncle d'untel. Ils sont des Buendia et ainsi cela suffit largement à les définir. Impulsifs, fantasques, facilement obnubilés, voici les Buendia.
Par extension on en vient même à comprendre qu'ils ne sont pas qu'une famille, ils sont les Colombiens, ils sont les Sud-Américains. Ce sont ces excès dont ils font preuve et ces passions qui les animent qui les définisse en tant que peuple selon l’auteur.
Ce sont tous ces détails et ces préjugés dont joue Gabriel Garcia Marquez, le révolutionnaire permanent, la mère de famille pour qui seul importe de nourrir sa famille et ses convives, la violence de l'état, la rébellion perpétuellement larvée et absurde lorsqu'elle éclate, leur amour de la musique et de la nourriture, leur émerveillement face à tout ce qui peut représenter la nouveauté. Je ne connais pas personnellement de Sud-Américains, mais en distillant ces préjugés et ces images, Garcia Marquez nous offre un portrait touchant et séduisant.
Reste qu’on ne peut parler du roman sans s’émerveiller de l'écriture, l'auteur joue avec une dextérité incroyable des mots et cet élan semble ne pas avoir été trahi par la traduction. Certains passages sont des tours de force d'une beauté folle. La construction du roman n’est pas en reste, Gabriel Garcia Marquez nous fait spectateurs de l’apogée et de la disparition de Macondo et le ton du livre suit cette même courbe. Drôle et insouciant au début une atmosphère plus sombre et intime prend le dessus jusqu’à la fin. L'auteur distille certains éléments fantastiques tout au long de la lecture mais sans que l'on ait l'impression d'être réellement dans un roman fantastique.
Un livre qui mérite son aura, une expérience folle aussi poignante que drôle. 9/10
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