Macondo, un petit village dans ce qui serait notre Colombie. Il a été fondé par José Arcadio Buendia et son épouse, Ursula, partis de leur contrée natale pour essayer de trouver la mer avec d'autres jeunes gens enthousiastes. Après une longue errance, si longue qu'elle permit la conception et la naissance d'enfants, les nomades trouvèrent une plaine accueillante près d'une rivière, et s'y installèrent définitivement. La cité fut nommée Macondo, et José Arcadio se retrouva plus ou moins à la tête de celle-ci, bien qu'elle fut tout à fait libre de toute loi, il ne faisait que s'occuper de détails logistiques, comme permettre à chaque habitant de disposer des mêmes commodités. Le village vivait en parfaite harmonie, loin des préoccupations de leurs contemporains, seules les visites des gitans venaient les sortir de leur paisible autarcie. Ils amenaient les dernières découvertes de la civilisation et les habitants de Macondo les découvraient comme une véritable magie. Le patriarche Buendia était fasciné par les nouveautés et il se prit d'amitié avec le chef des bohémiens : Melquiadès, un homme étrange qui semblait défier le temps et les maladies. Quand il lui rapporta un aimant, José Arcadia crut qu'il avait trouvé là le moyen de devenir riche facilement, en s'en servant du pour trouver de l'or, son ami l'en dissuada, l'assurant que cela ne marcherait pas. Mais devant son entêtement, il lui vendit l'article, évidemment, Buendia échoua dans sa quête de richesse. L'année suivante, il échangea l'aimant contre des loupes, comptant fabriquer des engins de guerre très puissants pour les vendre aux armées des pays voisins, l'entreprise n'eut encore une fois aucun succès. Son épouse se désespérait car chacun de ses projets s'accompagnait d'une mauvaise humeur tenace qui ravageait la maisonnée. La troisième année le troc lui offrit des instruments de navigation et des cartes, et pour une fois il fit une découverte majeure, grâce à ses calculs il se rendit compte que la terre était ronde. Il voulut faire part de sa révélation à ses concitoyens mais ils se moquèrent de lui, il fallut attendre le retour de Melquiadès un an plus tard, pour qu'il confirme les dires de José. La terre était ronde, et les navigateurs l'avaient confirmé par l'expérience. Le gitan finit par s'installer avec tout ses étranges manuscrits dans la maison des Buendia avec une étrange prophétie, il faudrait cent ans pour que l'on puisse déchiffrer les parchemins qu'il transportait. Ce siècle on va le vivre dans les rues de Macondo, avec ses histoires d'amour, ses miracles et ses personnages hauts en couleur.
Je n'avais lu que du bien à propos de ce roman, et d'un autre côté j'étais très déçue de la littérature espagnole sur laquelle j'étais tombée ces derniers temps. Les critiques ne m'ont pas menti et Garcia Marquez m'a réconcilié avec cette dernière. Cent ans de solitude est à la fois une saga familiale et l'histoire d'un village tout entier. Je le comparerais volontiers au Bruit et la Fureur (désolée si je fais frémir les puristes faulknériens), une famille de dingues à tendances incestueuses, une histoire qui semble enroulée autour d'un axe et se répéter sans fin, comme le remarque le personnage d'Ursula... Cette dernière est d'ailleurs la garante de l'intégrité des Buendia et de Macondo tout entière, véritable mat auxquel on attache les marins pour qu'ils ne succombent pas au chant des sirènes. Toutefois, les autres personnages ne maquent pas de charme, chacun a un caractère bien trempé, et l'on passe du rire aux larmes tout au long du livre et du bon siècle durant lequel se déroule l'intrigue. L'auteur utilise un procédé très original dans sa façon de gérer la chronologie, il parle d'un évènement présent, puis, revient dans le passé pour le raconter, et cela, tout le long du livre, tels des va-et-viens qui finissent par bercer le lecteur. On s'y fait très bien. On retrouve aussi un petit côté Pynchon dans l'ajout d'éléments complètements surnaturels au milieu d'un livre qui se veut plutôt rationnel, les miracles et autres évènements paranormaux sont posés sans explications et se doivent d'être acceptés comme si ils allaient de soi par le lecteur. Comment ne pas enfin citer un des confrères de l'auteur, Borgès, dans le traitement poétique de l'histoire et la recherche de sens mystique dans toute chose. Certains diront que le livre ne parle pas de la solitude puisque les personnages ne sont jamais seuls dans leur petit village sudaméricain, mais Garcia Marquéz écrit dans la finesse, la solitude existe même parmi ses pairs, et c'est peut-être la plus terrible de toutes. Un petit bémol cependant, le milieu du livre a été un peu indigeste pour moi, comme un fruit délicieux auquel il faudrait retirer le noyau. Cependant, après avoir cité trois de mes auteurs préférés dans la critique, je ne peux décemment que conseiller ce magnifique roman. Pétillant d'originalité, avec des références subtiles, il saura ravir n'importe quel lecteur.