L'envie de lire Cercles / Fictions m'a été donnée par les impressions contrastées que m'avait laissée la dernière création de Joël Pommerat, Ma chambre froide, présentée en mars 2011 au théâtre de l'Odéon et qui lui a depuis valu le Molière de l'auteur francophone vivant.
Le pitch en est assez simple : 8 histoires entrecroisées, contées sous formes de courtes bribes, ces fragments n'étant reliés entre eux que par des fils aussi ténus qu'une indication d'époque, un personnage presque anonyme, ou une ambiance générale.
Première constatation : comme dans Ma chambre froide, pièce qu'elle préfigure par bien des aspects, le théâtre de Pommerat apparaît ici beaucoup plus suggestif que narratif. Il semble en effet difficile (pour être clair il m'a été impossible) de faire un véritable lien entre les huit histoires dont certaines ne sont qu'à peine esquissées. Le but semble plutôt, par la confrontation de situations sans rapport apparent, de susciter des émotions ou des impressions dérangeantes, principalement d'inconfort, de malaise voire même parfois de honte.
Ce qui amène à la deuxième constatation : la pièce doit probablement gagner à être vue plutôt que lue. Pas vraiment d'effort de langage (on l'imagine pour un rendu final plus réaliste), des dialogues qui semblent tomber à plat en l'absence d'un acteur pour les porter et des scènes ultra-courtes qui s'enchaînent à la manière d'un montage cinéma (c'est mon principal souvenir de Ma chambre froide deux mois après la représentation) concourent plus à perdre le lecteur qu'à l'aider à mettre le doigt sur un message subliminal qui transcenderait la pièce.
Je n'irai pas beaucoup plus loin dans les déductions et supputations. Je ne peux cependant m'empêcher de remarquer que j'avais plus été impressionné par les aspects formels de Ma chambre froide que par l'intelligence de son écriture et la force de son propos. Avec toutes les limites exposées ci-avant, cette impression s'est largement confirmée à la lecture de Cercles/Fictions. A voir donc pour juger avec plus de justesse !
Samanuel
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le 9 mai 2011

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