1968 Première biographie de Bukowski et rejet immédiat, déception de Buk. A travers un courrier faisant suite à ce préambule il nous donne ses impressions (lettre extraite de "Sur l'écriture") .
Quelle que soit la forme utilisée, Poésie, Nouvelles, Romans, Lettres... On ne s'ennuie jamais avec Buk sa plume libre possède une vie bien à elle, il fait danser, couler les mots comme une fontaine.
Il est donc inutile de lire une bio faisandée, fantasmée, de ce grand auteur puisqu'il a lui même écrit sa vie dans notamment : "Souvenirs d'un pas grand chose" ou le "Postier" et bien d'autres. On pourra aussi compléter avec "Sur l'écriture" pour avoir une idée bien précise de qui était le "Dirty old man". Ensuite on ne pourra plus s'arrêter et on s'apercevra qu'il était : UN GEANT !


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1969



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Dombrowski a publié le livre de Hugh Fox, Charles Bukowski. A Critical and Bibliographical Study, paru en 1969. C’était la première étude critique conséquente du travail de Bukowski.


[Charles Bukowski à Gérard Dombrowski]


3 janvier 1969


[…] le livre que Fox a fait sur moi – bon, j’ai passé quelques soirées avec le gars, et si tu veux du ragot qui pue – il me revient pas. c’est un pur produit universitaire avec les couilles coincées dans la braguette de son enseignement. peut-être mon ressentiment vient de ce que les soirs où on a bu des coups, le salopard a fait toute la conversation, et qu’une grande part était du flan, du vent, la plaie, un pot-pourri de rancœurs et critiques d’un prof d’anglais de seconde zone… le genre à dire qu’il fait l’amour, le genre à s’être jamais envoyé en l’air. je me suis demandé ce que les gars vivant dans des piaules à 5 dollars la semaine, sur des bancs publics ou à l’Armée du Salut en auraient pensé…


Tu sais, le gros problème, jusqu’à présent, c’est qu’il y a toujours eu d’énormes différences entre la littérature et la vie, et ceux qui font de la littérature n’ont pas intégré la vie à leurs textes, et ceux qui sont pleinement dans la vie se sentent exclus de la littérature. Il y a eu quelques exceptions notables à travers les siècles, bien sûr – Dos[toievski], Céline, le Hem[ingway] des débuts, le Camus des débuts, les nouvelles de Tourgueniev, et il y a eu Knut Hamsun – La Faim, tous ces livres – Kafka, et Gorki dans sa période de rodage pré-révolutionnaire… quelques autres… mais la plupart peuvent être rangés dans un terrible sac à merde, et depuis 1955 on sent plus que jamais des relents de ce sac à merde. Bien sûr on nous a jeté tout un tas de crottes au visage et on a eu le temps de les avaler (officiellement), mais on se retrouve maintenant à un stade de flétrissure totale et il n’y a pas eu d’avancées depuis des années parce que tous les bons écrivains écrivent foutrement bien mais de façon très semblable bon dieu, et donc on entre maintenant dans une nouvelle ère ????… Pas de GÉANTS.


Bon, peut-être qu’on n’a pas besoin de GÉANTS. De toute façon, les géants ne semblent pas nous avoir beaucoup tirés vers le haut. hein ? Mais alors, dans ce cas, la figure de l’écrivain compétent et humain commence à sérieusement me fatiguer aussi. j’imagine que la réponse se trouve quelque part là-haut dans le ciel en salami, et je parle de l’esprit, pas de ces idiots qui n’ont que la lune à la bouche. La première atrocité sur la lune, la première guerre ne sera pas longue à venir. Peut-être que la première atrocité fut d’avoir posé le pied sur cette terre immaculée.


enfin, tu m’as demandé ce que je pensais du livre de Fox sur ma gueule. tu veux la vérité ? c’est chiant, cul serré, académique, et sans audace. comme regarder des grenouilles de bénitier prier pour que leurs nénuphars décollent. chiant ; je l’ai dit deux fois ; je le dirai trois fois : chiant, chiant, chiant. LE MESSAGE POÉTIQUE ou sa FORCE était complètement noyé dans le prêchi-prêcha de cela se range ici et ceci se range là – : ceci appartient à telle école, et cela appartient à cette autre. Rien à foutre. de la maternelle à la fac, j’ai dû faire face à des gosses qui me martyrisaient, ils me suivaient, se moquaient de moi, me provoquaient, mais ils n’étaient jamais seuls, moi je l’étais, et ils savaient que j’avais quelque chose enfoui au fond de moi. ça les rendait fous ; ça continue.

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le 31 oct. 2020

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