Le livre retrace la genèse du film policier au temps du cinéma premier jusqu'aux années 20. A travers une iconographie riche, diverse et grandiose, et dans une démonstration rigoureuse et claire, il dégage les étapes de sa construction et ses liens inextricables avec les autres arts.


Il permet d’abord de saisir les imaginaires criminels de l’époque (les mythologies des bas-fonds, de la zone, des Apaches…). On voit que les gens y étaient déjà exposés à travers les genres dont ils étaient friands, notamment les faits divers et les feuilletons dans la presse. Et l’iconographie était déjà riche, grâce à leurs illustrations sensationnalistes.
Les auteurs relèvent aussi l’influence des arts du spectacle, comme le music hall et le cirque pour les cascades, la prestidigitation pour les apparitions-disparitions spectaculaires des bandits (le plus célèbre pour cela étant Fantômas), les courses pour les courses-poursuites. Le jeu d’acteur, lui, fut influencé par les illustrations, le mime, la pantomime et le théâtre. A noter, la création contemporaine du théâtre du grand-Guignol et la vogue des pièces policières.
Ils établissent comment ces arts se sont nourris, des adaptations de feuilleton aux ciné-romans puis aux romans cinématographiques (feuilletons illustrés inspirés des héros de cinéma et reprenant graphiquement des codes cinématographiques). Et les influences des succès d’un pays sur les serials des autres (Ainsi, Nick Carter qui devint Nick Winter en France).
De nombreux sous-genres naquirent : le film de course-poursuite, le film criminel, le film policier, le film de détective, le film psychologique… Et les héros eurent un tel succès que des univers apparurent, avec tout ce qui fait le cinéma d’exploitation : les adaptations, les remakes (et les plagiats éhontés), les serials, les produits dérivés...


Alain Carou et Matthieu Letourneux parviennent excellement à dégager la richesse du cinéma policier et ses liens avec les autres arts, avec une iconographie sublime. C’est donc un livre indispensable non seulement pour comprendre le genre mais aussi tout simplement pour le plaisir des yeux.

PolaireFerroviaire
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le 28 juin 2020

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