Voilà un essai osé : s'attaquer à décortiquer le pouvoir.


Eugène Enriquez, fort de sa posture de sociologue, pédagogue en la matière et cela se sent quand on le lit, en plus de proposer une approche psychanalytique, et qui plus est enrichi d'une dense culture philosophique, a réussi la performance avec cet édifice.


Oui, cela commence avec l'angle freudien de l'anthropologie en se basant sur Totem et tabou. Puis on continue avec des aspects plus larges an niveau sociologique et philosophique. Enriquez nous emmène où le pouvoir se trouve, c'est-à-dire dans les recoins les plus cachés de notre psyché (processus inconscients), comme dans les organisations institutionnelles (plus ou moins conscientes), hiérarchiques, politiques et beaucoup d'autres termes finissant par "ique".


En fait la lecture est vraiment fluide, très bien organisée et ce n'est pas rien quand on cherche à soulever la question de ce qu'est le pouvoir et comment il s'est déployé dans le passé, comment il se déploie dans notre contexte sociétal actuel, et comment il peut tendre à continuer à le faire, ou pas.


L'on accède aux nouveaux termes remplaçant le mot, comme l'autorité ou la décision, ce qui est plus acceptable que le pouvoir. La morale, le politiquement correct s'immiscent du coup dans nos rapports le confortant à sa place, comme si on voulait bien être sous sa coupe.


L'on accède à deux volets bien distincts du pouvoir, mais pouvant s'entre-nourrir : celui du point de vue paranoïaque et celui du point de vue pervers.


Le mythe du bon pouvoir, l'utopie, l'Etat, la guerre, le totalitarisme, l'amour, l'ombre sexuelle du pouvoir... Vous saurez tout sur le...


Fort d'une belle bibliographie, l'auteur a su trouver les mots pour l'écrire, les mots pour le dire, les mots pour nous conduire, les mots pour nous éclaircir. Les maux de notre société sont en partie attisés par le feu du pouvoir, nul n'est dupe en la matière. Mais s'il fallait en avoir une étude dont la carrure scientifique nous permettait d'admettre que l'Homme, animal sous son encéphale, est complètement dépendant de cet omniprésence puissante qu'est le pouvoir dans son organisation sociale et psychologique, nous l'avons bel et bien dans ce livre brillant de psychosociologie.


Alors que nous vivons une période de crise, une période sanitaire impitoyable, une époque où l'Argent est le nouveau représentant monothéiste, il est bon de ne pas sombrer dans les méandres pseudo-anarchistes révolutionnaires qui pourraient tenter quelques-uns. Restons sur le fait observable.


C'est la qualité de ce livre.

Créée

le 28 oct. 2020

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Budokick

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