«Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps» fait partie de ces livres qu’on achète pour leur titre, et qui ne nous déçoivent pas.

J’ai déjà beaucoup aimé la préface de Xavier Mauméjean, même si je n’ai pas tout compris, si ce n’est que ces textes écrits entre 1999 et 2011 reflètent visiblement les fascinations éclectiques de leur auteur, pour le rock’n roll, les séries télé, les super-héros de notre enfance, pour le rêve américain qui s’est envolé et pour les grandes énigmes de la science-fiction.

Parmi ces huit nouvelles sur des thèmes souvent très classiques, je retiens «Sense of wonder 2.0», dans une Amérique où marchandisation et violences urbaines ont atteint un point de non-retour et où chaque individu, homme-sandwich à vie, a vendu son destin à une marque ; «Fuck City», où le narrateur, génie retiré du monde au cœur de cette ville -repaire de milliardaires paranoïaques-, trompe son ennui de la vie grâce aux psychotropes, et est ramené à la réalité uniquement pour trouver la porte vers les univers parallèles ; «La scène coupée, Fantômas 1963», dans laquelle on voit qu’on ne peut pas profiter impunément de la notoriété d’un super-héros ; «Rebecca et les fantômes», une belle nouvelle combinant les thèmes du passage initiatique à l’âge adulte, du courage et des vies virtuelles et réelles ; et évidemment «Planet of Sound», parce que le rock’n roll y est un instrument pour atteindre les étoiles.

Mais ma préférée est sans aucun doute «Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps», dans laquelle un scénariste joue en duel au Pac-Man avec son adjoint le devenir (la fin de l’histoire) de leur série télé, voulant éviter une fin ratée, comme celle de Lost. J’ai adoré cette nouvelle en boucle, comme un jeu de Pac-Man, quand on a réussi à finir le dernier niveau, un texte à la fois drôle, sérieux et idéaliste, avec une fin simplissime comme les 0 et 1 du langage machine.

«Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps.
Comme si ma vie prenait fin à cet instant et qu’une nouvelle, plus belle, commençait. Une vie faite de simplicité, d’angles droits, de pixels, de formes géométriques basiques composant d’autres formes géométriques que seul un œil humain pouvait prendre pour des personnages. Une existence électrostatique partant du cœur de la machine et se prolongeant jusque dans mes entrailles de cyborg dévoué à la survie de Pac-Man.»
MarianneL
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le 12 juin 2013

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