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Confess
8.6
Confess

livre de Rob Halford (2020)

Ce livre est atypique. Il s'agit d'une biographie...genre "casse-gueule" par excellence qui pourrait bien s'avérer être un exercice de style périlleux et vain lorsqu'il s'agit d'une rockstar. Sauf que...il ne s'agit pas de n'importe quelle rockstar...il s'agit bel et bien de ROB HALFORD s'il vous plaît...le plus grand chanteur de heavy metal de tous les temps...LE metal god...une vraie légende parmi les hommes. Avant d'en venir aux principales qualités du livre qui en font un objet tout à fait indispensable si on est fan de Judas Priest et un bon investissement si on est curieux et ouvert d'esprit, il faut bien reconnaître que c'est fluide, on s'ennuie rarement et le style est plutôt soigné (sans être du Victor Hugo non plus). Il ne faut pas s'attendre à de la grande littérature mais ce n'est certainement pas mal écrit du tout...on apprend d'ailleurs assez vite que le sieur Halford n'est pas une buse mais un esthéte et un homme de goût qui s'inspire de la littérature (notamment fantastique) pour écrire les paroles des chansons du groupe qui comportent parfois quelques beaux textes.


Mais venons-en aux qualités qui font de ce livre un objet indispensable et passionnant. Tout d'abord, c'est un véritable voyage à travers le temps et le dernier tiers du 20ème siècle jusqu'à aujourd'hui (le début de cette foutue pandémie récente...). On suit le parcours du dieu du metal de son enfance/adolescence parfois insouciante et parfois troublée en raison de ses problèmes familiaux et surtout de ses "problèmes" d'orientation sexuelle et d'identité (on apprend que celui-ci a été abusé par un pervers étant jeune...ce qui n'a pas dû aider). Cela nous permet de voir, notamment, au niveau historique comment l'industrie musicale a évoluée et de voir ce dernier au sommet de sa gloire dans Judas Priest rencontrer les plus grandes stars de ce monde (de Jack Nicholson à Madonna qui essayera de le croquer...en passant par Warhol). Rob Halford a vraiment un talent d'écriture indéniable et le suivre dans ses pérégrinations est un vrai plaisir...on a droit à un descriptif d'événements peu glorieux (mais généralement toujours très drôles) racontés avec un humour détaché "bien british" mais aussi à des événements plus intimes et profondément tristes ou émouvants (son sens de la famille et sa loyauté envers ses parents malgré son succès m'a touché personnellement).


L'autre point "fort" du livre et qui en fait l'intérêt (il faut bien l'avouer) c'est que ce n'est pas à une rockstar "lambda" à laquelle on a à faire...non...Rob Halford est plus ou moins le seul (ou un des très rares en tout cas) frontman de l'histoire du metal ouvertement gay. Par conséquent, cet aspect de la vie du chanteur est d'autant plus présent qu'il est au centre de beaucoup de tensions entre lui, sa famille mais aussi son groupe...on voit ce dernier souffrir et craindre pour sa carrière, sa réputation et l'avenir de son groupe...un chanteur de heavy metal étant assimilé, par définition, à un certain nombre de stéréotypes "matchistes" : le gros dur tout de cuir vêtu qui soulève de la donzelle (pour Halford cette phrase n'est pas franchement valide de façon intégrale, même si on lui compte un nombre très modeste de conquêtes féminines...). C'est d'autant plus ironique quand on sait que c'est Judas Priest et les membres du groupe qui ont contribué à créer l'esthétique "biker-matcho" propre aux canons esthétiques du heavy metal des années 80. En tout cas, voir Rob Halford faire face à ses nombreux dilemnes et à ses doutes concernant son identité et son droit au bonheur (le mec se sacrifie littéralement pour son groupe pendant toute la période "dorée" de Judas Priest) ne fait que renforcer la sympathie que l'on peut ressentir pour le personnage.


Pourtant, Rob Halford n'est pas trop dans le "pathos" ou dans la complaisance envers ses propres démons : son alcoolisme (dont j'ignorais l'existence) étant au cœur d'une partie du livre ainsi que sa lutte contre celui-ci ou encore le suicide d'un de ses amants (complètement instable psychologiquement) l'ont profondément marqué et il ne cherche nullement à diminuer sa responsabilité dans des frasques éventuelles qu'il confesse à son public.


En conclusion, "Confess" est un témoignage curieux...poignant...atypique...drôle...touchant...parfois (très) cru et dur mais dont la singularité et le voyage qu'il nous propose est un véritable souffle de fraîcheur. A recommander aux fans de Judas Priest ainsi qu'aux curieux qui aimeraient avoir un aperçu des heures de gloire du heavy metal et de son représentant le plus talentueux et emblématique.

Venomesque
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le 14 mai 2022

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