Ce recueil, publié en 1893, est une oeuvre de jeunesse du grand auteur réaliste espagnol, Vicente Blasco Ibáñez.
Toutes les nouvelles ont pour cadre le pays valencien, avec sa "huerta" fleurie et couverte d'orangers, ses ruelles et ses faubourgs aux influences arabes. Quant aux personnages, ils sont tout aussi pittoresques puisqu'on croise au fil des pages moines, pêcheurs, contrebandiers, musiciens ambulants, ivrognes, forgerons et autres hidalgos désargentés. Le propos d'Ibáñez est de nous dépeindre les moeurs de cette région qui lui est chère, non seulement ses coutumes sociales, mais aussi la violence des passions qui animent ses habitants.
Ainsi dans "Le mur", nous découvrons la haine ancestrale entre deux familles voisines qui, non contentes de s'entretuer depuis des générations, ne cessent de surélever la palissade qui sépare leurs maisons, quitte à renoncer à la lumière du jour. "Devant la gueule du four" raconte l'histoire d'un apprenti boulanger, souffre-douleur parmi ses collègues, et qui décide de se révolter contre ces mauvais traitements. "La fille de la sorcière" témoigne à la fois de la violence et de la superstition qui règnent dans les villages valenciens de l'époque. Quant à "La rage" c'est une nouvelle naturaliste, particulièrement crue, mettant à l'épreuve l'amour d'un père pour son fils.
Chacune de ces 22 nouvelles contient un drame en miniature. Le style d'Ibáñez est si dense, si coloré, si efficace, qu'on l'a souvent comparé à Maupassant. Ibáñez est généralement connu pour son roman "Arènes sanglantes" sur la tauromachie. Mais ce recueil vous donnera un bel aperçu de son étonnant talent de conteur.