Attention, ma critique sera pleine de spoils. Mais ce n'est que pour vous épargner une lecture inutile.


Abject, c'est le mot qui me vient en premier pour décrire ce livre.
Ou comment suivre pendant 150 pages une jeune fille, venant de la bourgeoisie parisienne, puis Lilloise, qui se sera cachée dans la Nièvre durant toute la deuxième guerre mondiale, et qui ne sera sortie de sa campagne que par obligation, et pour mieux aider l'ennemi.


Ce livre est donc l'histoire de Paule, jeune fille bourgeoise qui n'a rien connu de la guerre que des Allemands venant diner à la maison, des repas copieux, et le comble de l'horreur, l'ennui de la campagne et l'éloignement de ses amies lilloises. Les 50 premières pages sont donc lentes et inintéressantes, mêlant le superflu aux caprices d'une enfant gâtée.


Fin 44, les parents de Paule se font enlever et tuer en pleine nuit par des résistants (ah ben oui m'sieurs dames, quand on copine avec l'ennemi...). Enfin, le postulat que l'enlèvement est fait par des résistants est le coeur de son témoignage : les méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit. En tout cas là pour le coup, ça rend bien service. Parce que les coupables n'ont jamais été retrouvés.
Là Paule, absolument pas triste ni éplorée, mais plutôt ravie de ce qui lui arrive (ehh oui, elle n'a que 19 ans, et attendait uniquement ses 21 ans pour rejoindre sa vie lilloise ! Ces deux ans gagnés sont un cadeau du ciel.), va chercher de l'aide en ville. Là, la police française ne sait pas quoi faire pour l'aider, sa famille (que ses parents ne fréquentaient pas de leur vivant) ne l'aide pas, alors vers qui se tourne -t-elle naturellement ? un couple de commerçants collabo et l'occupant nazi bien sûr !! Qui eux, vont l'aider, braves gens qu'ils sont. Elle pense quand même à amener le testament de son père à un notaire, c'est bien de garder la tête sur les épaules en toutes circonstances.


Alors finalement, au lieu d'aller à Lille, Paule va monter dans un train avec tous ses copain collabos pour se retrouver.. en Allemagne ! Où elle va retrouver tout naturellement son petit ami Allemand (ah oui tiens, je l'avais oublié celui là... mais ils n'ont échangé des des baisers, c'est pas si grave non?) et prendre un travail dans une usine allemande.
Non non, la guerre n'est pas finie, mais Paule participe activement à l'effort de guerre. Pour les Allemands. Mais uniquement parce qu'elle était dans un train pour l'Allemagne, et que des Allemands l'ont hébergée et nourrie, rien qu'un concours de circonstance !


Elle sera ensuite arrêtée par l'armée Belge (mais pourquoi l'armée, elle qui n'a rien fait que suivre le mouvement ?), passera 4 jours en prison (duuuur...) et sera reconduite à Lille, où elle retrouve enfin ses amis qui lui avaient tellement manqué pendant qu'elle était en exil dans la Nièvre.
Tombe enfin une convocation au tribunal, mais elle ne comprend pas pour quel motif. C'est vrai ça, que peut-on reprocher à une fille qui est allée en Allemagne, alors que le pays (en aout 1945) chercher à cicatriser et lance la chasse aux collabos ? Suspense...


Paule se rend au tribunal, persuadée de ressortir aussitôt, blanchie. Et se fait arrêter et mettre en prison. Les gens sont cruels. En plus la prison est sale, pleine de vermines et de maladies, et la nourriture est mauvaise. J'ai failli pleurer pour elle à ce moment.
On accuse ses parent d'avoir collaboré, et là je dois avouer que les accusations sont exagérées. M'enfin en plein période de chasses aux sorcières, il fallait bien donner du sang au peuple. Mais Paule, toujours dans les bons coups, se fait défendre par un ténor du barreau parisien gratuitement, et s'en sort avec 3 ans de prison. Dont elle purgera au final à peine un an.
Ensuite elle reprendra une vie heureuse, où elle oubliera de parler de son passé en Allemagne.


Pour moi, ce livre est l'apologie d'une femme qui a profité durant tout le récit de chaque personne qu'elle a rencontré, qui s'est laissé vivre en suivant le mouvement, et qui pleure ensuite qu'on lui reproche d'avoir juste voulu vivre.
Que se serait-il passé en 1945 si tout le monde avait fait ça ? Et pourquoi chercher l'absolution 60 ans après ? La mauvaise conscience qui émerge quand on fait le bilan de sa vie ?


Je trouve honteux de publier de tels livres.


Petite note quand au style du livre (qui est donc le résultat écrit d'entretiens) : M. Gilles Warembourg a mal du vivre le fait de ne pas être écrivain, et s'étend dans les envolées lyriques indigestes. N'est pas écrivain qui veut.


Je regrette de ne pas pouvoir mettre 0 à ce livre.

Créée

le 11 avr. 2015

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Naimou

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