Par les pensées de Jérôme, on apprend qu'Armand, le petit ami de sa fille Marina, vient de mourir : sa moto a pris feu avant d'aller se jeter contre un arbre. Le chagrin de Marina est sans précédent et donne à Jérôme un prétexte pour se « réveiller ». Il se met enfin à éprouver des sentiments, des sensations. Dehors, il est toujours aussi calme ; dedans, c'est le déluge.

Pensées, souvenirs, questions intérieures. Le roman m'a frappée dès le départ par la justesse de son style, par la justesse des sentiments qui se bousculent face au deuil. C'est un roman plein de tendresse et de solitude, qui foisonnent pourtant de personnages. C'est l'histoire d'un père qui ne sait pas comment accompagner sa fille dans la douleur. L'histoire d'une quête d'identité. Les pensées de Jérôme se perdent avec lui, douces et distraites. Il y a une sorte de mélancolie dans un blocage si humain. Parce qu'au fond, c'est vrai, comment fait-on lorsque le petit ami de sa fille meurt brusquement ?

Page 13, j'avais envie de hurler au coup de cœur. A cause d'un seul paragraphe, d'une seule expression. « Comme si leurs vies en dépendaient. » Une expression qui me caractérise autant qu'elle me broie. Une expression qui donne encore un peu plus de sens à ce roman, dans lequel on passe de la douleur au rire franc d'une ligne à l'autre.

[...]

Le style est frais et poignant, le fond est une caverne de débats sur la perte d'un être cher, l'amour, la campagne, la jeunesse, la force de l'amitié quand plus rien ne va. Mais de Jérôme finalement, à cause de cette lecture intime à travers ses pensées, on ne voit que les faiblesses. Et il n'en est pas toujours attendrissant pour autant. Le lecteur plane au-dessus des scènes grâce à ses pensées mais il a affaire à un personnage tellement désemparé et mou du genou que l'intérêt s'effrite. L'histoire se dégrade toute seule au fur et à mesure que la fin approche. Une fin qui part un peu en vrille, un chouia dérangeante mais inefficace, trop en décalage avec le reste du roman.

Une écriture vibrante et un début percutant, mais une fin trop éparpillée.

Morgouille
6
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le 10 févr. 2011

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Morgouille

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