Et pourtant...

Pourtant j'aime la poésie, j'aime les mots placés où on ne les attend pas, les codes cassés, les idées originales, l'ambition téméraire, le contre-emploi. Pourtant je ne peux pas dire que ce livre n'a rien pour lui, que je n'ai pas aimé, que c'est une affreuse bouse, qu'il brûle en enfer. Car ce roman est sans nul doute une perle rare qu'il fallait oser écrire. Maylis de Kerangal nous raconte la vie d'un chantier, le temps de la construction d'un énorme pont dans une Californie imaginaire (mais alors très très imaginaire là, pour le coup !)... Il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à dire de plus pour résumer l'histoire. Bon, bien sûr, on pourrait parler du bouleversement qu'induit cette immense construction, pour la ville de Coca, son économie, son écologie, son paysage... On pourrait évoquer les pseudos-intrigues amoureuses et les tentatives de sabotage, l'ambiance sinistre qui pourrait donner du piment quelques fois mais... Malgré tout cela, il est très étrange de se dire que le sentiment qui domine, c'est la lassitude. Et pour cause : l'impression que rien ne se passe reste. Le pont se construit, point.

Lecture à voix haute pour mieux suivre, mais hélas beaucoup trop de virgules et pas assez de points. 316 pages mais beaucoup trop de mots. Comment l'expliquer ? Des détails, des détails et encore des détails, de trop petits détails pour raconter des choses futiles, des détails qui font qu'au final, le style est lourd, le roman est plein de longueurs et l'histoire est vide. Et pourtant, c'est ce qui fait le charme de ce livre. Faire de la construction d'un pont et des acteurs de cette construction le centre d'un roman est déjà une prouesse en soi. Ecrire ce roman à coup de phrases alambiquées, de références recherchées et de vocabulaire hautement littéraire mêlé au jargon de la construction... Chapeau bas ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman mérite son prix Médicis ! Mais... Mais ce roman est illisible.

On ne peut nier que ce roman ait une âme particulière, ni que Maylis de Kerangal ait totalement rempli sa mission quant à cet ouvrage technique plongé dans un style des plus littéraires. Mais où est le plaisir du lecteur ?
Morgouille
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le 15 févr. 2011

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Morgouille

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