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Diabolus in Musica est un roman atypique qui m’a emporté de bout en bout. Il est pourtant très court, mais que ce fût intense.


J’ai immédiatement été subjugué par l’ambiance sombre que Céline a installée, et par la façon dont elle fait s’exprimer Yann. C’est un personnage mystérieux et fascinant, je me suis vite retrouvé en lui. Il a une personnalité bien singulière et est très marginal, mais sa vision du monde et de la société m’ont tout de suite plu. Il dresse un portrait acerbe mais très juste de cette dernière. Sa marginalité peut paraitre un peu excessive au premier abord, mais au fur et à mesure de l’avancement du récit, je comprenais pourquoi. Son don est quelque chose de puissant, mais également de très troublant. J’ai par ailleurs adoré la proximité qu’il a avec la nature, m’emportant avec lui dans ses pensées et ses sensations. Il se révèle être quelqu’un de paradoxal, car s’il est très froid, il est également extrêmement sensible, et cette complexité n’a fait que renforcer mon attachement envers lui.
Son approche et sa passion de la musique m’ont également fasciné, car étant moi-même passionné par cet art extraordinaire, je ne pouvais qu’adhérer. Le fait que l’univers musical soit en partie tourné vers le Black Metal ne m’a pas posé problème, car même si je ne suis pas un habitué de ce style, je suis tout de même parvenu à mieux le comprendre grâce à la manière dont Céline l’a retranscrit, apprenant des petites choses intéressantes (j‘ai d‘ailleurs apprécié le fait qu‘elle explique son histoire à la fin). Il n’a pas forcément une place centrale, car l’accent est vraiment mis sur la création musicale, sur le pouvoir que la musique possède, et c’est vraiment cela qui m’a plu.


L’intrigue en elle-même est captivante. Le fait qu’elle se déroule autour d’un univers musical, qui plus est dans une ambiance délicieusement sombre, m’a envoûté. Je me suis demandé, dans cet acharnement à détruire l’inspiration des musiciens, s’il s’agissait de quelqu’un ou d’une entité en particulier. En cela, je trouve que Céline a inséré un bon suspense, car j’avais du mal à savoir de qui ou de quoi pouvait provenir cette aura maléfique et si elle était contrôlée. Néanmoins, la motivation qui en découle n’a pas été très difficile à deviner.


Au niveau des personnages, si Yann est évidemment bien développé, je trouve dommage que les autres le soient peu, car certains ont leur importance dans le déroulement du récit. Cependant, il est fait état de certains éléments les concernant, ce qui fait que j’arrivais tout de même à imaginer ce qu’avait pu être leur vie auparavant, et pourquoi ils étaient ainsi. Ce qui fait que malgré leur manque de développement, je suis parvenu à m’attacher à certains d’entre eux, notamment Nyx et Cédric. Tout comme Yann, ils m’ont touché par leur amour de la musique, mais aussi parce qu’ils luttent contre leurs démons intérieurs. Même s’ils n’en donnent pas l’air, ce sont des personnages meurtris, qui ont je pense peur d’être trahis, en plus de se sentir rejetés, mais qui souhaiteraient malgré tout être compris.


Je parlais plus haut de l’ambiance sombre que Céline a installée… et bien elle est retranscrite d’une très belle manière. J’avais l’impression que c’était un personnage à part entière, notamment quand il s’agissait de la nature. Cette dernière me donnait la sensation d’être vivante, d’avoir une âme, un chant unique même. Il y a vraiment une ode à celle-ci, dans ce qu’elle a de plus sombre mais aussi de plus beau, ne demandant qu’à être comprise et contemplée. Le tout est sublimé par l’écriture de Céline, que je trouve vraiment très belle. À la fois incisive, précise, poétique, et un brin lyrique même.


Je vais m’étendre sur les messages du roman.
Cette histoire a quelque chose de très personnel pour l’auteure, cela se ressent. À travers le thème du Black Metal, qui est sujet encore aujourd’hui à pas mal de controverses, je pense que l’auteure a voulu avant tout faire comprendre ce qu’est véritablement ce style musical, et aussi lancer un appel à la tolérance. Le personnage de Yann est la preuve que quelle que soit l’apparence de la personne, elle ne définit pas qui elle est vraiment, et qu'être sombre ne veut pas forcément dire être mauvais. À l’image de ce que ce dernier dit de la société, celle-ci ne voit pas plus loin que le bout de son nez, ne cherchant pas à connaitre, à comprendre ces personnes et ce qu’elles veulent dire à travers leur musique.
Concernant la musique justement, j’ai aimé le fait que Céline mette en avant l’inspiration et la création musicale avant tout, faisant comprendre que peu importe le style musical ou ce que les gens en disent, l’important est que nous fassions ce que nous aimons, avec passion, persévérance et sincérité. Bien sûr, certaines personnes pratiquent volontairement la provocation à outrance, mais c’est là qu’il faut bien faire le distinguo entre celles-ci et celles qui pratiquent la musique avec sincérité, sans se soucier de l’effet de mode. D’ailleurs, j’ai aussi aimé retrouver cette critique de ce qu’est la musique pour certains artistes aujourd’hui, à savoir un pur produit marketing, et que les médias nous vendent à chaque fois comme étant des « phénomènes ». Pourtant, je pense sincèrement que la musique est ce qu’il y a de plus beau en ce monde. C’est un art indescriptible, d’une puissance et d’une beauté évidentes, capable de guérir nos maux.
J’y ai vu aussi une sensibilisation par rapport au lien ambigüe qui lie le black metal à la religion. Il n’y a pas de critique de cette dernière, mais toujours est-il que le message qui est avancé est qu’il ne faut pas se fier aux apparences et aux rumeurs. Comme pour la musique, ce n’est pas la religion elle-même le problème, mais plutôt les humains et ce que certains en font.


Si je devais exprimer quelques regrets, c’est que l’ensemble du roman, à l’instar des personnages, ne soit pas encore plus développé. J’ai aussi trouvé que certaines fins de chapitre n’étaient pas finalisées dans leur action, passant directement à un autre décor. L’univers proposé est pourtant vaste, et le roman est humainement plus riche qu’il n’y parait. Ce bémol n’a cependant pas entaché mon appréciation, car il est minime par rapport au reste.


Diabolus in Musica m’a vraiment marqué, et c’est assurément un coup de cœur. Il y a une influence certaine de la littérature allemande dans les thèmes abordés par Céline, notamment pour cet amour de la nature, sa contemplation et ses légendes. Les noms évoqués ne sont pas non plus un hasard. Malgré son côté noir, l’histoire n’est pas tout à fait dénuée d’espoir, entrevoyant de trouver la lumière dans les ténèbres.

Ashimoto-Karushi
10

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Créée

le 1 août 2016

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