Un bien étrange essai que ce "Plaisir de haïr", que j'ai lu conjointement au "Sentiment de l'immortalité". Le style est puissant, les images intemporelles ; Hazlitt m'a touché dans les deux textes, quoique le premier m'ait paru un peu trop... assuré. L'auteur énonce des vérités qu'il semble considérer comme résolument générale, incontestables, prouvées par milles... Et je ne peux m'empêcher de penser, par exemple, qu'il exagère dans sa peinture morose de l'amitié. Certes, les liens amicaux suivent un "cycle" dans notre vie, mais Hazlitt semble condamner tout lien social à une déperdition sur le long terme. Et j'ai la féroce conviction qu'au contraire, une amitié peut durer une vie.
Le deuxième texte est d'une grande force, c'est tout ce que j'aime dans la littérature. Un vrai dialogue s'instaure entre l'auteur et son lecteur, celui des mortels qui bouffent le temps tout en se faisant bouffer. La vie est une question de digestion.