Dune
8.1
Dune

livre de Frank Herbert (1965)

Un tome 1 en forme de tragédie antique

DUNE, le chef d’oeuvre de SF de Franck Herbert. Une relecture qui intervient alors que sort dans l'année l'adaptation du roman par le réalisateur Denis Villeneuve.
Pour contextualiser cette relecture, il faut savoir que Dune est le premier livre que j’ai lu en Anglais, vers 17 ans (ouais pourquoi choisir la facilité)... donc mes souvenirs sont enthousiastes et confus car lointains et empreints de l’étonnement alors d’arriver a lire un livre dans une autre langue que la sienne, d’y arriver et d’aimer ça !
26 ans plus tard, je m’aperçois que mon enthousiasme ne doit à rien à ce déblocage de skills inattendu, mais à la qualité intrinsèque de ce livre mythique.
Je choisis de chroniquer le Tome 1 de Dune, part, car il s’agit d’un récit qui a été publié en deux parties, tout comme Don Quichotte le fut (mais pas avec 9 ans entre les deux tomes comme le livre de Cervantes... ) Publié à l'origine sous forme de deux publications distinctes dans le magazine Analog en 1963-1964, c'est le roman de science-fiction le plus vendu au monde.
Or, a la lecture de ce tome 1, il apparait que ce livre a une construction narrative très très particulière, que je ne suis pas certain de retrouver dans le second tome. Car ce récit de science fiction reprend tous les codes d'une tragédie antique.
Avant de détailler cet aspect là, je rappelle le pitch : Pour calmer les familles nobles du Landsraat qui veillent à l'équilibre de l'imperium, l'empereur galactique remet à une nouvelle famille, les Atréides, la planète source de la plus grande richesse de l'humanité : l'Epice.
Cette planète de sable, Dune, peuplé initialement par les mystérieux nomades Fremen, été jusqu'ici le fief des ennemis mortels du duc Leto Atréides, les Harkonnens, mené par un vicieux baron obèse.
Léto, sa femme Jessica, issu de l'ordre religieux féminin du Bene Gesserit, et leur fils Paul Atréides, attérissent avec armes et bagages sur ce cadeau empoisonné qui s'avèrera être un piège mortel à la taille d'une planète.
J'en vois qui, à la lecture de ce court résumé froncent le sourcil et sont prêt à hurler au spoiler. Ce sont ceux qui n'ont jamais lu DUNE.
Car je disais que ce tome 1 était une tragédie, et, comme toute tragédie, on sait déjà ce qui va se passer. Comme l'amateur de théatre sait qu'Oedipe tuera son père et épousera sa mère, le lecteur dès l'entrée des têtes de chapitre que le duc Leto va mourir. Le lecteur sait qui va le trahir, quand et pourquoi. L'issue ne fait aucun doute.
Les têtes de chapitre sont en effet bien postérieur, issus des publications de la princesse Irulan, personnage bien postérieur qui n'apparaitra pas au sein de l'histoire originelle. Il raconte l'histoire qui s'est passée.
On ne lit pas un récit du futur en train de se dérouler. Bien qu'il soit écrit au présent, ce qu'on nous montre est un récit passé dont les acteurs sont morts depuis bien longtemps et qui ne ménage aucune surprise au lecteur.
Les tentatives des Atréides pour échapper au piège sont vouées à l'échec. Léto mourra pour que Paul puisse accomplir son destin.
Comme dans une tragédie, l'intérêt de la lecture ne tient pas aux péripéties mais à l'écriture de celles-ci. Certes le cadre grandiose de l'action fascine (Herbert a écrit Dune après un voyage d'étude pour un récit de reportage sur les Oregon dunes, la plus grande étendue de sable cotière des états unis), les interactions et l'univers sont riches, mais, ce qui retient l'attention, c'est la façon dont les acteurs de l'action tiennent leur rôle dans ce récit dont toute surprise est bannie.
Pour s'en assurer, Paul Atréide est lui-même assailli de visions qui lui annonce ce qui vient...
C'est toute la force du récit. N'ayant pas à expliquer le récit, tout le texte se concentre sur la subtilité des interactions.
Les dialogues ne mâchent rien au lecteur omniscient, qui, du coup, peut se délecter des sous entendus et malentendus qui amèneront au dénouement final.
La puissance des personnages ajoutent une richesse au récit, car, d'emblée, Herbert pose une galerie de caractères riches dont les interactions subtiles retiennent la lecture, alors même qu'il ne se passe rien.
Tout ce premier tome repose sur l'information suivante : Les Atréides sont tombés dans un piège. L'un des leurs est un traître (et le lecteur le connait), ils le savent et se soupçonnent tous les uns les autres, alors qu'ils devraient avoir toute confiance.
L'action est pratiquement absente de ce premier tome, tout au plus deux petites scènes d'hélicoptère dans les dunes. Les msytérieurx Ver de sable sont, tout au plus, entre aperçu... Les légendes sont évoquées.
Paul sera t'il le messie sauveur annoncé ? Les têtes de chapitre de la princesse Irulan ne laisse pas de place au doute. Mais comment y parviendra t'il compte tenu du triomphe du Baron Harkonnen ?
La suite en tome 2

CapitaineNemo
10
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le 25 févr. 2021

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CapitaineNemo

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