ENtreFER
7.4
ENtreFER

livre de Iain Banks ()

Ça fait des années que j'ai ce bouquin sur mes étagères, la vieille édition de chez Denoël achetée à une braderie, et ça fait autant d'années que j'entends parler de Iain Banks, de cet écossais qui a écrit le cycle de la Culture, et plein d'autres choses, et que c'est plutôt pas mal. Alors y a 3-4 jours, quand je me suis retrouvé sans bouquin entre les mains à 1h du mat, je l'ai ouvert et je me suis dis que c'était le moment.
Et j'ai bien fait. Si vous aimez Dick (pas Rivers, non, pas lui), Priest ou Ballard, si vous aimez cette SF qui a émergé après la période "vers l'infini et au-delà" qui se recentre sur l'humain, sur notre perception de la réalité, qui s'enfonce dans l'inconscient, alors vous aimerez ENtreFER de Banks (The Bridge en VO, belle réussite que ce titre français).


Le premier chapitre est troublant. Le récit s'ouvre sur un accident de voiture venant de se produire à hauteur d'un pont, accident dans lequel le narrateur est impliqué, coincé au sein de la tôle froissée. Mais nous abandonnons rapidement le blessé pour changer de niveau et découvrir John Orr (équivalent du John Doe anglais, son nom fait écho au George Orr d'Ursula Le Guin dans l'Autre Côté du rêve), coincé dans une ville construite sur un pont, un pont qui n'a ni début ni fin, personne ne sait où il mène ni d'où il vient, et sur lequel il s'est échoué, rejeté par la mer, inconscient. Il est pris en charge par le Dr Joyce, bien incapable d'expliquer son mal, croise la route de personnages singuliers, et notamment d'Aberlaine Arrol, aux bas de nylon qui lui rappelle la structure impressionnante du pont.
Puis l'on quitte John Orr (le quitte-t-on vraiment ?) pour suivre la vie d'un jeune homme écossais de la fin des années 60 aux années 80, ses études puis sa vie adulte, sa passion pour le rock et la politique, et surtout sa relation tumultueuse avec Andrea. On le recroisera de nombreuses fois, tout comme ce barbare qui trucide du magicien à tour de bras, s'enfonce au plus profond des Enfers et pour qui "devenir un légume serait une promotion", aux dires de l'animal de malheur moins décérébré qui l'accompagne dans ses aventures.


Tout est fait pour que l'on se demande qui est qui, qui est un rêve et qui ne l'est pas, sont-ils tous issus d'une même conscience ou n'ont-ils au final rien à voir ? A la manière des poutrelles des ponts omniprésents dans le récit les destinées s'entrecroisent et forment un univers paranoïaque où le lecteur se perd avec délice.

Headcrab
8
Écrit par

Créée

le 5 févr. 2016

Critique lue 480 fois

1 j'aime

Headcrab

Écrit par

Critique lue 480 fois

1

D'autres avis sur ENtreFER

ENtreFER
Headcrab
8

Orr nie car...?

Ça fait des années que j'ai ce bouquin sur mes étagères, la vieille édition de chez Denoël achetée à une braderie, et ça fait autant d'années que j'entends parler de Iain Banks, de cet écossais qui a...

le 5 févr. 2016

1 j'aime

ENtreFER
chlorine
8

Critique de ENtreFER par chlorine

(critique sur la VO du livre) Début du livre : un homme a un grave accident sur le pont du Firth of Forth en Écosse. On suit ensuite plusieurs personnages. L'un des principaux est un homme amnésique...

le 29 mars 2014

1 j'aime

Du même critique

Sumerki
Headcrab
8

Entre tacos et vodka

Un autre bon bouquin de Glukhovsky ! J'avais aimé Metro 2033, écrit alors qu'il n'avait que 23 ans, qui nous plongeait dans un Moscou post-apocalyptique où les survivants s'étaient terrés dans le...

le 16 nov. 2014

4 j'aime

Une sœur
Headcrab
7

Premiers émois

Bastien Vivès est un mec cool qui écrit et dessine des BDs encore plus cools. On oublie cette fois la danse et la piscine, les jeux vidéo et Last Man, et on part en famille sur la côte, en vacances,...

le 18 mai 2017

3 j'aime

L'Oiseau du bon Dieu
Headcrab
9

Le Vieux, l’Échalote et le bon Dieu.

Russel Banks s'était déjà penché sur le sort de John Brown, cet abolitionniste américain, fanatique religieux, fou à lier mais lucide quant au sort des esclaves bien des années avant la guerre de...

le 12 mai 2017

2 j'aime

1