Il était une fois un propriétaire de bar au Japon, grand amateur de jazz, dont les affaires marchaient plus ou moins bien. Un jour d'avril 1978, il eut une illumination : et s'il écrivait un roman ! Peu inspiré, il peina sur sa copie en japonais avant de passer à l'anglais dont sa connaissance loin d'être parfaite lui permit de trouver un rythme et une scansion qui lui convenaient. Il ne lui restait plus qu'à traduire son manuscrit dans sa langue natale. Et c'est ainsi que Haruki Murakami écrivit son premier roman, nuitamment, sur une table de cuisine. C'est ce que raconte l'auteur, près de 30 ans plus tard, dans la préface de ses deux premiers récits : Ecoute le chant du vent et Flipper 73, dont il a enfin autorisé une nouvelle publication et la traduction. A eux deux, ils forment une trilogie avec La course au mouton sauvage sauvage avec lequel les lecteurs français découvrirent Murakami en 1990. Les deux courts romans ont un parfum familier pour ceux qui ont suivi l'écrivain depuis 25 ans. Cette sensation de vide et d'évoluer dans un monde flottant à la lisière du fantastique, elle est bien présente et compense l'intérêt tout relatif des intrigues qui intéressent finalement peu Murakami. Mais le charme volatil de ses ouvrages à venir, bien qu'encore à l'état d'embryon, est bien présent. Le personnage du Rat agit comme un contrepoint à celui du narrateur. Dans Ecoute le vent, ce dernier est un étudiant pendant les vacances d'été qu'il passe à écluser force bières avec son ami le Rat. Dans le second, ils sont moins proches, mais la consommation d'alcool n'a pas diminué pour autant. Simplement, le double de Murakami a un travail (traducteur) et il vit avec des jumelles avec lesquelles il dort (mais ne couche pas ?). Un temps, il recherche de façon obsessionnelle un type de flipper qui a disparu et qui symbolise ses plus jeunes années. Et c'est à peu près tout. Le temps passe, la vie bégaie et l'on se demande avec l'auteur si elle a vraiment un sens. Quel bonheur de retrouver Murakami encore hésitant et commençant déjà à poser les jalons de ce qui constituera l'essence de son oeuvre future !

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le 17 déc. 2016

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