Parmi la pléaide de romans que Stephen King nous sert depuis quelques années à une cadence folle, un rythme tellement effréné qu'on pourrait frôler l'indigestion, "Elevation" nous offre un peu de fraîcheur et le temps de respirer: une centaine de pages, deux heures de lecture et c'est plié. "Elevation" constitue donc davantage une longue nouvelle plutôt qu'un court roman, mais peut-être aurait-il été plus judicieux d'intégrer cette nouvelle au sein d'un recueil car en l'état, Stephen King nous revient en petite forme avec une histoire franchement pas bien ambitieuse.


Un jour, Scott Carey découvre qu'il perd du poids sans changer d'apparence physique. Il remarque également que sa balance affiche le même poids lorsqu'il est habillé ou dévéti. De jour en jour, son poids chute et sa force augmente tout en conservant exactement la même forme de son corps. Qu'arrivera t'il lorsque sa balance affichera un poids de 0 kg?


Toujours inscrit dans l'univers de Castle Rock, King limite l'action à quelques acteurs: Scott, son médecin et ami, ainsi que ses deux voisines "lesbines" (comme dirait un enfant du livre) gérantes d'un restaurant en proie à la faillite.


Si les discussions autour du poids de Scott avec son médecin attisent notre curiosité, nous nous demandons franchement l'intérêt de l'intégration au récit des voisines.Scott a t'il voulu accomplir sa béa avant la fin du roman qui donnerait sens à ses actions ? Le fait qu'elles soient lesbiennes justifie la compassion de Scott à leur égard car la ville entière semble les dénigrer. L'insuccès de leur entreprise semble même être liée à leur orientation sexuelle.


Le livre étant beaucoup plus court qu'à l'accoutumée, tous les personnages vont se rassembler pour le climax final qui se veut triste, qui est joli métaphoriquement parlant mais un peu vain car l'auteur use rapidement de raccourcis pour rendre empathiques des personnages antipathiques et dont on se demande encore le pourquoi de leur utilisation au sein du récit.


Bien entendu, le contexte est posé avec cette critique de l'Amérique Pro-Trump mais le tout est trop simpliste dans cette démarche de construire une histoire "social justice warrior": un couple lesbien qui critique Trump, propriétaires d'une franchise de restaurants vegan...le parallèle avec la saison 7 de American horror story est vite faite, si nous évitons la construction bordélique de la série, nous tombons hélas dans les mêmes clichés involontaires.


Cela partait d'un bon sentiment, mais "Elevation" n'est qu'à moitié réussi. Si nous pouvons saluer la part de mystère conservée et le twist original, il ne reste rien de bien savoureux dans cette histoire courte, étonnamment quasiment dépourvue d’élément fantastique et qui donne l'impression que King nous as refilé un des fonds-de-tiroir. Cependant le prix bas et la qualité de l'édition méritent de l'investissement, mais orientez-vous plutôt vers les nombreux chefs d'oeuvre de Stephen King.

QuentinDubois
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le 11 mai 2019

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Quentin Dubois

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