Poésie Peinture Prose

Deux jolis petits textes de peintres dans un petit livre de peintres – sur la peinture, avec de la peinture. Peut-être le triple petit cadeau que se font mutuellement un écrivain, un peintre et un éditeur – petit, naturellement, l’éditeur. En l’occurrence, je me plais aussi à imaginer que Pierre Autin-Grenier s’est constitué un lectorat aussi réduit – petit – que fidèle, à la fidélité duquel il ne peut malheureusement plus assister.
Celle que Pierre Autin-Grenier a appelée Élodie Cordou n’est pas n’importe qui, n’est pas tout le monde, n’est pas personne, n’est pas rien. Elle est une « présence », elle est celle qui furtivement traverse un tableau, elle est peut-être celle que l’Ancien monde appelait beauté, les romantiques émotion, Walter Benjamin aura. Elle est peut-être à elle seule les neuf Muses. Elle est peut-être l’art. Ça, c’est au lecteur d’en décider s’il est décidé à se décider.
Dans « Élodie Cordou, une présence » et « Edvard Munch, une anecdote », les deux textes du livre de Pierre Autin-Grenier et Ibrahim Shahda, Élodie Cordou prend quelquefois vie, universelle mais insaisissable, aussitôt disparue qu’apparue au détour d’une phrase – rythme, assonance, mot juste. On la croise, anonyme fictive, à fréquenter des héros réels, anciennement de chair et désormais seulement d’os : Munch, Jæger.
Si la poésie en prose peut devenir de la critique d’art, si la critique d’art peut devenir de la poésie, c’est en lisant des textes comme Élodie Cordou, une présence qu’il faut en décider.