Finalement, pas grand-chose à garder de ces « 5 nouvelles inédites » visiblement taillées pour coller au programme de l’Éducation Nationale des classes de troisième, « supplément pédagogique » à l’appui. Pas forcément un bon calcul, d’ailleurs : elles sont courtes, certes, elles sont mieux écrites qu’une rédaction de brevet des collèges, d’accord, mais quel plaisir un adolescent normalement constitué éprouvera-t-il à lire des nouvelles aussi ennuyeuses ? Pour que le genre du récit-minuscule-sur-un-événement-insignifiant fasse mouche, il faut que le lecteur soit âgé, ou que l’auteur soit suffisamment bon pour que l’intérêt du texte réside dans le style lui-même (1). Or, ce n’est ici ni l’un ni l’autre cas, à moins d’une épidémie de sénilité précoce parmi le public cible.
À la rigueur un seul texte, « Pour Gaspard en couleurs » d’Arthur Dreyfus, propose un véritable parti pris littéraire, qu’on peut ou non partager mais qui a au moins le mérite de susciter éventuellement quelque réaction : « Mon premier baiser, je l’échangeai avec Sylvie, qui était notre voisine (à trois maisons d’écart). Contrairement au baiser effectué sur le chien de Sylvie, celui-là n’était pas un défi. Je n’en garde aucun souvenir si ce n’est la vision, à la toute dernière seconde, du visage de Sylvie, qui était flou » (p. 9). Pour le reste, c’est d’un nombrilisme incroyable, particulièrement marqué dans « Mathieu, le 16 mars 2006 » de Marie Darrieusecq.
Si l’objectif est de montrer à des collégiens à quel point la littérature peut faire bâiller, c’est réussi.


(1) Qui a dit Autin-Grenier, Carver, Walser… ? En tout cas pas Philippe Delerm !

Alcofribas
4
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le 1 févr. 2018

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