le 4 janv. 2017
Des rives psychogéographiques
L'auteur nous présente six récits avec une thématique principale commune, la géographie russe, qui le fascine.
Nous le suivons dans ses voyages, à la recherche de la source de la Volga, des racines de sa relation amoureuse, de la mythique Shamballah, mythe tibétain projeté par l'Europe dans les steppes russes.
Il nous présente aussi, de façon extrêmement bien documentée, trois figures de son pays, ancrées dans leur environnement. Bakounine, qui fuit le jardin de son père, Khlebnikov poète influencé par les oiseaux, créateur d'une langue inspirée par l'observation de la nature, et enfin Platonov et sa dystopie (Tchevengour) qui s'incarne de manière presque prophétique dans un petit village.
Golovanov est un peintre génial des paysages qui l'enthousiasment, et il sait transformer un froid marécage en diamant brut. Il fait renaître la théorie situationniste de la psychogéographie, qui lie intimement l'affect et l'environnement. A la lecture de cet ouvrage je suis d'avantage persuadée de l'existence d'un esprit des peuples. Je vois l'esprit russe comme celui d'un jeune enfant, destructeur, passionné, incapable de prendre des décisions sur le long terme.
Les multiples influences géographiques (frontières, invasions, climats très variés de par la taille du pays) en font une contrée riche, paradoxalement, dans les campagnes les petites gens errent comme des fantômes oublieux, abrutis par le travail et la vodka. Dans les grandes villes on tente de se reconstruire en s'occidentalisant et en niant son passé slave et oriental. L'auteur, après s'être intéressé de loin au chamanisme, prophétise avec Platonov une apocalypse en cas de non-réconciliation de l'humain à la terre. D'ailleurs, il ne voit l'anarchisme moderne que comme foncièrement écologiste.
La seule chose que j'ai regretté c'est la présence trop marquée du narrateur, un style plus impersonnel aurait à mon avis mieux collé avec le propos.
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Créée
le 18 janv. 2014
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