Né en Roumanie en 1932, déporté en 1941, Aharon Appelfeld parvint à s'évader en automne 1942 et à survivre dans la forêt, puis en travaillant pour des paysans ukrainiens. Il diffuse dans chacun de ses livres la substance de son histoire, et aussi sa conviction que la mémoire reste inscrite dans le corps. « Et la fureur ne s'est pas encore tue » est paru en 2008, et en 2009 en français.

Bruno Brumhart, à cinquante ans, revient sur son passé, son enfance auprès de ses parents juifs laïques et communistes, entièrement dévoués à l'amélioration des conditions de vie des pauvres, et à leur fils, le narrateur, qui a perdu une main dans des circonstances qui restent floues.
Cette infirmité, les quolibets des autres enfants qui le surnomment Moignonnet, puis leur violence avec la montée d'un antisémitisme de plus en plus virulent, vont lui donner une force immense. Son moignon est pour lui comme un guide secret, qui lui parle, lui indique la direction à suivre et le relie à son passé.

Déporté à dix-sept ans, il s'évade, erre dans la forêt avec trois autres déportés, et tente après la guerre de changer le monde, de redonner une voie vers leur humanité aux survivants, par les biais de la musique et la spiritualité.

Primo Levi a dit de Aharon Appelfeld : "Parmi nous les survivants, les écrivains, Aharon Appelfeld a su trouver un ton unique, irréversible fait de tendresse et de retenue."
Son écriture est simple et limpide. Le roman est construit en chapitres courts, de trois ou quatre pages seulement, durée salutaire qui permet de respirer, de reprendre brièvement contact avec ce qui nous entoure avant de replonger dans le récit douloureux, magnifique et, au-delà du récit de la Shoah, porteur d'un message universel, ce retour éternel vers les empreintes de l'enfance.

« J'ai eu cinquante ans hier. Un pur miracle. Mes parents craignaient que mon existence soit brève mais j'étais déterminé à vivre, et me voici devant vous.
Mes parents sont morts jeunes. Les traits de leurs visages ont changé au fil des ans, mais la qualité de leur présence est restée la même. Leur amour pour moi n'a jamais connu de limites, en particulier après ma blessure. C'était un amour puissant, qui continue de m'envelopper. »
MarianneL
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le 17 nov. 2012

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