Etats de lame, quand un objet devient héros

Etats de lame est le deuxième livre de Pascale Fonteneau. Il a été écrit en 1993. Pascale Fonteneau écrit des romans noirs, peu de femmes en écrivaient quand elle a commencé. Elle décrit le roman noir comme un genre qui a pour sujet la société contemporaine. Elle aborde souvent cette thématique sous des angles nouveaux comme dans Confidences sous l'escalier ou Etats de lame.


Ce dernier prend le point de vue d’un poignard qui, bien malgré lui, subit les comportements humains. On apprend qu’il passe par les mains d’un homme qui s’est suicidé avec, puis par la mère de celui-ci, ensuite un autre homme appelé l’Homme de goût et enfin se retrouve en possession de l’Homme sauvage. C’est essentiellement avec ce dernier que se déroule l’histoire. Il fait partie de ce qui semble être un groupe de terroriste sans revendications particulières, qui suivent des ordres à l’aveugle et signant leurs actions par P.R.


L’auteure a pris bien des risques en prenant le point de vue d’une lame. Ce choix, bien qu'intéressant, aurait pu être porté sur un autre objet. Dans ce cas-ci, un poignard nous amène à imaginer des meurtres, du sang, de la violence... et c’est sans surprise ce qu’aime le plus cet objet doué de conscience. D’ailleurs, le poignard décrit avec une froideur glaçante le plaisir qu’il prend à être utilisé pour tuer. C’est dans ce contexte que l’on se retrouve à avoir l’analyse d’un couteau psychopathe d’un panel des pires actions humaines tels que le suicide, la haine, le meurtre, la suspicion... Cependant, certain moment, on pourrait penser que cet objet pense comme un humain et ressent comme un humain. Il éprouve des plaisirs réels , bien que sordides, et pense de manière subjective. Tout cela pour analyser et commenter l’espèce humaine sous ses pires aspects. Mis à part ce point de vue particulier, les longues interruptions entre les différents moments d’actions sont souvent les lamentations de cette lame qui voit les choses passées autour d’elle sans pouvoir interférer. Ces jérémiades sont constantes durant tout le récit jusqu’à en agacer la lecture. Quant au moment d’action, ils amènent une intrigue décevante puisqu’elle n’amène pas véritablement le lecteur à s’interroger. Notamment avec cette bande de terroristes qui n’a aucune substance. Pour en venir à la fin de l’histoire, elle est prévisible et sans réelle surprise. La trame du récit nous y amène avec logique. C’est dommage que cela finisse comme ça, l’auteure aurait pu facilement surprendre le lecteur avec une autre fin.


Je finirais par dire que prendre le point de vue aussi particulier que celui d’un poignard est osé. Mais malheureusement, je n’ai pas adhéré au récit en lui-même qui pour d’autres pourrait être passionnant.

lolichousan
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le 12 mars 2018

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