Fahrenheit 451
7.7
Fahrenheit 451

livre de Ray Bradbury (1953)

J'ai en ma possession l'édition de poche Folio SF. Dans cette dernière nous avons le droit à une superbe préface de Jacques Chambon, le traducteur. Cette préface de quelques pages est vraiment superbe et rend hommage à ce livre. Je ne lis pas souvent les préfaces mais celle-ci est une vraie ode à ce roman et on sent l'amour de Jacques Chambon pour ce titre. Cette introduction nous replace un peu dans le contexte historique lors de l'écriture. Elle essaie aussi de montrer en quoi ce livre est intemporel et nous fait nous poser des question sur l'importance de la culture et l'impérialisme des médias.

Je suis toujours admiratif des livres de cette époque de l' »Age d'or » où, en un peu plus de 200 pages, l'auteur propose un tel concentré de thèmes et de richesse.

J'ai beaucoup aimé ce Fahrenheit 451, non pas forcément pour l'histoire ou le style d'écriture de Bradbury mais bien pour la puissance du discours et sa vision d'une société trop consummériste et sans culture.

Pour l'histoire, au final, elle est assez courte et classique. On a travailleur qui va petit à petit se retourner contre son métier et sa société. On assiste donc au passage du « coté obscur de la force », soit le passage à la clandestinité et à la culture. Dans une seconde partie, on assistera à la fuite de Montag pour échapper à la justice et surtout au Limier (sorte de robot chien-araignée).

Sur ce point Ray Bradbury n'a pas inventé quelque chose, même s'il le fait très bien. L'histoire s'enchaîne bien, on suit l'évolution de la perception de son monde. Le tout se lit très facilement et avec beaucoup de plaisir.

L'intérêt principal ne réside pas non plus dans le style littéraire de l'écrivain. Au contraire, je dirai que son style n'est pas forcément très accessible. Le style est très poétique, presque romanesque. Cela se matérialise par de nombreuses métaphores, des ruptures de constructions et autres figures stylistiques. Il aime bien également partir dans des envolées poétiques rafraichissante et en contradiction avec la société dépeinte. Cela confère un petit coté « vieillot » que j'ai pas mal aimé.

Mais voilà l'utilisation intensive de métaphores complique la lecture. Donc son style est très particulier, il faut un temps d'adaptation. C'est là qu'on voit qu'entre les auteurs classiques de littérature de l'imaginaire et les auteurs actuels, il y a quand même une autre vision de l'écriture.

Non, ce qui fait la force de ce roman, c'est l'ambiance, la société décrite et les thèmes abordés.
Bradbury donne une ambiance assez pessimiste à son roman au travers de cette société sombre, presque totalitaire et déshumanisée.

La société décrite vie dans l'illusion, dans l'illusion du bonheur. La culture et la connaissance sont devenues quasiment inexistantes au nom du bonheur des gens. Ces derniers ne se connaissent plus, il suffit de voir la relation entre Montag et sa femme. La pseudo sensation de bonheur n'est qu'illusoire. Par exemple, la femme de Montag pense qu'elle est heureuse alors que sans s'en rendre compte elle essaie de suicider.

Les gens ne sont plus au courant de ce qui importe réellement. Peu nombreux sont les personnes qui sont au courant de la politique et de qui règne. De même, une guerre est latente, mais tout le monde semble s'en moquer, la minimise et ne s'en soucie pas plus que ça.

Bref, cette société a tout réduit à son minimum se rapprochant d'une société développée mais au final primitive.

La principale cause expliquée, par une superbe scène avec le capitaine Beatty, est une consommation de masse poussée à l'extrême. A force de vouloir trop consommer, petit à petit des résumés sont apparus pour des œuvres, puis des résumés de résumés pour finalement réduire une œuvre à son plus simple appareil. Tout a été nivelé par le bas, et l'éducation a suivi cette démarche. Petit à petit, la culture disparait et devient illégale. le shabitants n'ont plus de soif de découvertes et de connaissances et se content de « boire ce que leur verse ». L'interdiction de livre a été promulguée, sûrement pour favoriser un régime totalitaire puisque se cultiver c'est être capable d'être critique et donc moins « servile ».

Ce roman est excellent par son discours et par la description de cette société où la culture est tabou.

Ce livre nous fait indéniablement réflechir à la place de la connaissance dans notre monde. Il met aussi en exergue les dangers de la consommation de masse. On se rend bien compte, que l'accès à la culture et le perpetuel questionnement sont des notions importantes et vitales dans une société.

C'est très difficile d'aller plus loin, tant se livre fait réfléchir. En revanche, il faut être conscient du style très poétique et imagée de Bradbury, qui du coup n'est pas des plus accessibles.

Mais au-delà de ça, c 'est vraiment 200 pages de pur bonheur avec un vrai roman d'anticipation intelligent!

Un indispensable à découvrir.
Kameyoko
8
Écrit par

Créée

le 8 déc. 2010

Critique lue 510 fois

Kameyoko

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