Ce qui m’a surtout plu, c’est la narration assez surprenante. Déjà, parce qu’elle se déroule une longue période ; et l’auteur parvient à maintenir (parfois un peu difficilement) l’intérêt du lecteur, malgré le remplacement régulier de personnages qu’implique une histoire se déroulant sur plusieurs décennies. En soi, c’est déjà un tour de force. On a déjà vu des romans se déroulant sur des périodes si longues qu’un remplacement des personnages était nécessaire : j’ai en tête « les piliers de la terre », ou le très axé pipi-caca « cent ans de solitude ». Mais dans ces derniers cas, la narration, il me semble, était continue ; ici, plusieurs décennies, voire siècles, séparent parfois deux chapitres. Mais on continue à lire, car le dénominateur commun est le destin de Fondation et de son petit peuple qu’un messie de la science promettait à de grandes choses, à l’hégémonie universelle (…!).
Ces longues ellipses permettent de ne pas encombrer cette histoire de tout un peuple de menus détails qui finiraient par rendre innombrables les contradictions.L’autre tour de force narratif, à mon sens plus surprenant, bien que peut-être moins flagrant que le premier, concerne la forme de la narration. Je m’attendais à des récits de batailles homériques, et finalement, je suis pris de court par cette histoire de tout un peuple, qui paradoxalement, se raconte essentiellement par des dialogues ponctués d’articles de l’Encyclopédie reliant les chapitres, et donnant justement aux prospectives des dialogues un aspect rétroactivement prophétique.
De ce point de vue, je suis, sur la forme, agréablement surpris : m’attendant à de l’action, l’histoire qu’on nous conte est finalement celle de politiques et de complots.
Sur le fond, l’histoire est intéressante à suivre ; les thèmes expressément abordés sont parfois intéressants, comme celui de la primauté de l’économie sur le militaire et le religieux. Je ne sais pas si c’est volontaire, mais on a au fond l’éloge d’un pouvoir autoritaire faisant toujours primer la raison d’État sur des impératifs d’ordre idéologique. La menace e l’Empire, vers la fin, pose une ambiance très réussie d’angoisse face à une puissance ancienne et très puissante.


Par contre, la psychologie des personnages et les dialogues sont parfois un peu bateau, manquent de nuance. Certains traits de l’intrigue aussi : toute une planète qui parvient à imposer sa domination sur un simple mensonge sans que personne ne livre le secret, cela me paraît assez niais). Mais sur la psychologie, en même temps, le sujet reste le destin d’une planète : peut-être, à défaut d’avoir des portraits psychologiques poussés de personnages eût-il été intéressant de mieux démarquer les différents peuple au niveau de leur esprit, pour donner un peu de personnalité.

Chatov
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le 14 oct. 2020

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