Formes et politiques de la bande dessinée

Résumé : Le présent essai part d’une hypothèse toute simple : elle tente de démontrer que loin de s’exclure, l’analyse du récit et la lecture microscopique de certains détails formels se renforcent et se soutiennent l’une l’autre. Il essaie d’en fournir la démonstration par le biais d’une série d’études très fournies portant aussi bien sur les « grands auteurs » du genre, comme Hergé, Herriman, Vandersteen, Breccia, Pratt ou Swarte, que sur un ensemble de créateurs qu’il est urgent de découvrir comme Ricard Castells ou les jeunes auteurs européens, représentés surtout par le collectif belge des éditions Fréon. L’examen de certaines microscopies n’est pourtant jamais un but de soi. Les enjeux de l’opération sont clairement politiques, comme l’indiquent clairement les manifestations organisées dans le cadre d’un mouvement ici lu de très près : Autarcic Comix. La deuxième thèse de ce livre est en effet que la dimension formelle d’une oeuvre n’est pas sans rapport avec sa pertinence politique. Cette façon de lire la bande dessinée lui rend la fonction critique tellement mise à mal par les facilités de toujours et rappelle que le genre, au même titre que le jazz ou le cinéma, se trouve au coeur de la vie et de l’art du XXe siècle.