Riche ou pauvre, la vie craint

Je ressors de cette histoire assez mitigée. D'un côté, j'ai trouvé l'intrigue suffisamment prenante pour que cela me pousse à poursuivre jusqu'à la fin, cela malgré des chapitres en demi-teinte voir mollassons. Mais, d'un autre côté, j'ai trouvé la lecture laborieuse dans le sens où plusieurs points négatifs s'enchaînaient et me dérangeaient dans ma lecture.

Tout d'abord, j'ai été troublé par ce radical changement de plume. Pour avoir découvert l'auteur avec son roman "Prends-moi la main" dans lequel la plume était assez jolie, voir même poétique par moment, j'ai été surprise de constater qu'il en était rien dans ce livre. Alors, il est vrai que l'univers est plus sombre, mais on m'aurait dit que ça avait été écrit pas quelqu'un d'autre que ça ne m'aurait pas choqué. C'est dommage, parce que cette nouvelle façon d'amener les choses était nettement moins jolie et aboutit, avec un langage que je qualifierais de "wesh wesh". Les personnages s'adressent beaucoup trop aux lecteurs, et les dialogues et points de vue internes utilisent beaucoup trop le langage orale. Au bout d'un moment, ça donnait l'impression de lire les pensées d'adolescents en pleine rébellion plutôt que de deux adultes.

Ensuite, il est arrivé à plusieurs reprises que des mots ou des tournures de phrase soient mal employés au point où ça n'était même pas français. Un problème qui, encore une fois, n'apparaissait pas dans "Prends-moi la main".

Aussi, bien que l'intrigue m'ait rendu suffisamment curieuse pour vouloir poursuivre ma lecture, j'ai trouvé les personnages insupportables. Leurs réactions sont soit puériles, soit exagérées. Ils semblent avoir je ne sais combien de personnalités. Ils sont toxiques l'un pour l'autre et c'est, je pense, ce qui m'a le plus dérangé chez eux. On sort d'un roman dénonçant les hommes battant leur femme pour se retrouver dans un livre qui n'a aucun problème à présenter une femme qui se fait littéralement projeter sur le sol sans broncher (alors qu'elle est censée avoir un caractère ultra fort), pour au final être aux petits soins pour le mec et s'auto traiter de pute qui allume tous les mecs pour avoir simplement dansé.

Enfin, le plus gros problème du roman est qu'on ne croit à aucun moment à son univers. On ne peut pas s'y plonger pleinement tout simplement parce qu'il y a trop d'incohérences pour ça. Cal est censée être mannequin, mais elle ne sait pas se maquiller. Elle est censée être ultra connue, mais personne ne la reconnaît juste parce qu'elle porte une perruque. Un coup on nous dit que Freedom est un quartier, un coup on nous dit que c'est une ville. Freedom est censé être la zone la plus pauvre et malfamé des environs, alors que les boîtes de nuit et autres salons de tatouages sont fait de marbre et d'or. Brad est censé être le grand mafieux du coin, alors que rien que son fils lui parle comme si c'était son pote et qu'il n'est pas capable de couvrir ses crimes. Cal est censée être très riche, mais elle s'émerveille de trucs qu'elle est censée connaître. Elle s'étonne et se plein d'être observée comme ovni par les gens normaux, alors qu'elle est censée être une mannequin renommée. Le pire c'est qu'il y a tellement d'incohérences de ce genre que je pourrais en citer encore plein d'autres.

C'est dommage. L'histoire avait du potentiel, une base sympathique, mais c'est passé à côté. Je n'irais pas jusqu'à dire que je ne recommande pas ce livre, car il semble plaire à pas mal de monde si on en croit les critiques qui circulent sur Instagram et Amazon, mais je n'ai pas été touché.