Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Erika Lust est une réalisatrice suédoise vivant à Barcelone. Après une licence de science politique et l'influence des ouvrages de Linda Williams (l'une des initiatrices du champ académique des porn studies), elle décide de s'orienter vers la réalisation de films pornos... féministes. C'est donc tout naturellement qu'elle propose ici un ouvrage destiné aux femmes féministes afin de rendre ce genre plus accessible. Je m'attendais à un essai politique et artistique, j'ai plutôt eu droit à un guide pratique pour les néophytes du cul sur écran, répondant à des questions certes assez basiques, mais toujours avec beaucoup de références, de l'humour et de super illustrations. Certains chapitres m'ont cependant moins captivée que d'autres, notamment celui qui expliquait comment fonctionne le peer to peer et le streaming (2009 oblige). J'ai particulièrement apprécié sa large sélection de films et de documentaires et son attention à ne pas créer de frontières trop étanches entre cinéma X et cinéma mainstream, les deux s'influençant mutuellement. Des films comme Secretary ou Basic Instincts figurent donc en bonne place dans cet ouvrage et c'est tant mieux.


Au final, c'est plutôt très malin de sa part car les femmes, bien que de plus en plus consommatrices de porno, ne s'y sont encore jamais frottées pour beaucoup d'entre elles et voient encore la chose comme tabou. Or, Lust nous montre que les supports visuels masturbatoires peuvent revêtir un caractère politique, en étant des vecteurs puissants de normes qui vont influencer toute une société. Alors que certaines féministes dénoncent une "pornification de la société" et souhaitent abolir le cinéma porno, Lust montre au contraire qu'investir cette industrie en tant que féministes peut permettre de subvertir cet outil du patriarcat et en faire un instrument d'empowerment pour les femmes. Finalement, Lust réussit à contrer tous les a priori sur le sujet en assurant qu'il existe un porno pour tout le monde, et que les jours du porno mainstream de machos sont comptés. Enfin j'espère.

glitchaus
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le 5 juil. 2016

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