Grace
7.1
Grace

livre de Paul Lynch (2017)

Dès les premières lignes d'Un ciel rouge le matin, on avait compris : la littérature pour l'irlandais Paul Lynch est une chose plus que sérieuse, viscérale même, avec plongée dans les tréfonds de l'âme humaine. Son deuxième roman, La neige noire, était très sombre et tragique, le suivant, Grace, ne l'est pas moins faisant resurgir l'époque terrible de la Grande Famine qui a frappé l'Irlande, à partir de 1845. Grace, l'héroïne de son livre éponyme, est une frêle jeune fille de 14 ans, obligée par sa mère de quitter la demeure familiale avec la quasi certitude qu'elle ne reverra jamais plus sa fratrie. C'est sur les routes d'un pays dévasté que nous entraîne Paul Lynch, un décor quasi post-apocalyptique où le danger rôde partout. Drôle de voyage initiatique où Grace dialogue sans cesse avec le fantôme de son frère et occasionnellement avec d'autres âmes mortes. Les événements atroces se succèdent et la mort cerne Grace, contrainte de grandir physiquement et psychologiquement pour survivre. Le lyrisme noir de Lynch et son écriture incantatoire couvrent d'un halo brumeux certaines scènes qui seraient sans cela insoutenables. S'il est vrai que son style est incomparable pour mêler beauté et magie avec l'horreur, il se laisse parfois aller à un excès d'onirisme faisant perdre pied au lecteur (certains en tous cas) entre réalisme et fantasmagorie. Comme dans Amadeus où il était reproché à Mozart d'avoir composé trop de notes, on peut avoir l'impression qu'il y a dans Grace trop de mots. Et pour enfin arriver à la lumière, tout à la fin du livre, qu'elle est douloureuse et cruelle cette traversée des ténèbres !

Cinephile-doux
7
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le 30 janv. 2019

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Cinéphile doux

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