le 16 déc. 2016
Jean ou Théophile d'Ormesson?
J'ai toujours imaginé la lecture d'un D'Ormesson comme un moment de complicité avec un grand-père, ou une grand-mère souriant et complice qui, assis au coin du feu, dévoilerais les meilleurs moments,...
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Le Guide des Égarés se veut lexique, composé d'une plume alerte, lumineuse, au sens d'une plume simple mais révélatrice. L'Académicien, l'une après l'autre, considère ses notions. Elles sont les grands termes fondateurs : les sentiments humains les plus profonds, les éléments sensibles, ce qui résulte de leur rencontre : les passions, la morale, les absolus... Le Guide n'a aucune prétention ; il est naïf, souriant ; il ne veut qu'à peine effleurer une question, celles des "égarés" : "Qu'est-ce-que je fais là ?"
Mais l'essai, à l'épreuve, dévoile bien vite sa nature. L'écriture nous révèle un homme de lettres posément installé, touchant d'un index sage des mots bien maîtrisés sur lesquels il se propose de livrer un regard, puis l'offrir à ses chers petits égarés. Le style est doux, fluide, peut-être parfois enveloppé de trop de rondeurs. Certes il fait preuve de clarté. Il montre des intentions bienveillantes, mais sans doute du fait de son paternalisme.
En effet, d'Ormesson ne prend aucun risque. En ouvrant son "manuel" dans l'angle de la méditation, il n'en adopte pas la profondeur : ne sont proposées pour les notions que de vagues définitions consensuelles, en un émerveillement non moins convenu. Que la nature est belle dans ses paradoxes ! Que l'homme est bien fait ! Installé sur son expérience, sa notoriété, et son titre, l'Académicien est juché dans son confort intellectuel.
Quant à sa mission, l'essai échoue à l'accomplir. Notion après notion, platitude après platitude (celles-ci voilées derrière un — habile ? — prétexte de naïveté), il arrive à ses dernières pages. Les questionnements successifs ont conduit à une première conclusion : les égarés le sont, égarés, parce que la vérité a explosé. Mais survient un retournement de situation, puisqu'il fallait faire montre d'audace : sans transition, Dieu est la seule vérité. Définitivement.
Ainsi le Guide a échoué à montrer la voie. Car on n'éclaire pas celui qui s'interroge en ressassant quelques considérations communes, superficielles. Pour ceux qui auraient trouvé la plume belle et l'esprit juste, le livre est destiné au sort des saints — à la bibliomancie. À l'approche d'un questionnement, on pourra en réciter un passage, pour briller, soi, mais non pour faire briller une lanterne nouvelle dans un esprit qui doute.
Sort des saints en un autre sens quant à l'édition même de ce livre. D'Ormesson est enveloppé de cette image bienveillante, celle d'un aïeul qui discuterait avec nous, nous guiderait de son expérience sensible de la vie... À son décès, il était largement connu d'un public qui ne l'avait jamais lu, soudain pris d'un remords : il fallait tout de même se pencher sur les écrits de ce beau personnage médiatique. Ainsi, bon nombre de lecteurs peu scrupuleux se seront rabattus sur cet opuscule d'une centaine de courtes pages, histoire de, en deux petites heures, peut-être saisir au vol un peu du sel, de l'esprit de l'Académicien.
Par le Guide, d'Ormesson peut garder sa position quasi sacrée : son style juste appuie son autorité, ses énonciations consensuelles — dogmatiques — ne donnent que peu de marges à la réflexion, et l'auteur lui-même, bien qu'il se soit manifesté, nous reste inconnu.
Créée
le 30 déc. 2017
Critique lue 495 fois
le 16 déc. 2016
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le 30 déc. 2017
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