Celui là on l'attend au tournant, forcément. Et assez logiquement, il ne peut que nous décevoir : 11 ans après la sortie du dernier tome de la saga, qui a rendu dingo toute une génération, sortir une pièce de théâtre qui reprend les mêmes persos avec 20 ans dans les dents... c'est risqué.
Bon je n'espérais donc pas être transfigurée par cette lecture mais ça fait quand même bizarre de retrouver cet univers, sans l'exaltation qui y est associée.
J'aurai préféré attendre 10 ans de plus et lire cette pièce sous forme de 3 tomes de roman. Non en fait j'aurai aimé qu'elle s'arrête, et que plus jamais on ne fasse grandir Harry, Hermione, Ron et compagnie. L'univers de JK Rowling ne se prête pas à la pièce de théâtre. C'est trop grandiloquent, caricatural, trop... théâtral. Le génie de cette oeuvre c'est l'étirement du temps sur une année scolaire, les descriptions au mille et un détails, l'évolution psychologique des héros, les recherches fouillées qui accompagnent les résolutions d'énigmes... Ici tout va trop vite, tout est trop facile, criard, cousu de fil blanc. La fabrication du polynectar n'est plus un épineux stratagème par exemple. J'ai souvent eu l'impression de lire une (bonne) fanfiction.
Toute la psychologie, envolée : Hermione restera donc psychorigide et brillante, Ron benêt et (nouveauté) inutile, Harry tourmenté. Quant à la relève (Albius et Scorpius)... pas l'once d'une épaisseur.
Passés ses énormes défauts, l'intrigue décolle au bout d'une centaine de pages et on se surprend à déguster avec nostalgie les scènes reprenant le "best-of" de ce qui a fait la qualité de la saga Harry Potter. En se disant que c'est un peu naze, mais réconfortant. Ma tolérance, c'est que JK Rowling a bien prévenu qu'il ne s'agissait pas d'un HP tome 8, et que la pièce de théâtre était une autre forme de matériau, qu'il fallait le recevoir différemment. J'ai quand même du mal à voir comment un texte qui aurait pu faire un très bon roman s'il avait été plus travaillé, peut devenir une pièce de théâtre pas trop fourbie ni chaotique (changement de décor à chaque scène, nombreux effets, deux pièces de théâtre en une) : allez, ça promet une film doudou pour Noël 2020.