Exclu de la gazette du sorcier : le Coming-out d'Albus Potter et de Scorpius Malefoy ?

Partons du fait que l'histoire tourne autour de l'amitié entre Albus (le fils de Harry Potter) et Scorpius (le fils de Drago Malefoy), un retourneur de temps et un prétendu enfant que Voldemort aurait pu avoir...
Malgré la fan attitude qui émane de moi-même concernant tout ce qui touche à Harry Potter (Oui, j'ai même acheté le jeu de société, and so what?) ... et bien je reste sceptique.


L'histoire n'est pas dénuée d'intérêt mais pour la dévoreuse de bouquins que je suis, elle reste plutôt... simpliste. Non pas que ce soit dérangeant parfois de ressentir une fluidité naturelle à la lecture mais là, force est de constater que les relations entre les personnages et le scénario sont parfois appauvris... Est-ce du au fait qu'il s'agisse avant tout d'une pièce de théâtre ? Certainement. Car oui, les descriptions sont parfois agaçantes. Il y en a très peu et elles sont simplifiées de manière déconcertante à des moments qui mériteraient davantage de considération de la part de l'auteur. A d'autres moment, on ne sait qu'en penser (la traduction a t-elle été faite correctement ?!). Par exemple :


"Drago s'avance sur l'estrade et se place aux côtés de Ginny. C'est un instant presque digne de la révolution de Spartacus" ---> Heu oui, pourquoi pas... mais non.


D'autres fois, la relation entre Albus et Scorpius frise la relation d'amour (pourquoi pas, ils sont peut-être gays mais peut-on être PLUS CLAIR sur cette relation louche qu'on veut nous faire passer pour de l'amitié ???) A une période de l'adolescence où les garçons sont plutôt frileux de démonstrations sentimentales en tous genre, ces deux là se prennent dans les bras, se disent des mots doux (si, si, je suis désolée, leur relation est très fusionnelle et porte VRAIMENT à confusion!!!).
Petite citation au hasard car je n'ai pas envie de relire tout le livre et bon sang, même là on sent dans la ponctuation une ambiguïté pour le moins fulgurante :


Albus (à Scorpius) : " Et tu ne... tu ne pourrais jamais... jamais être un obstacle pour moi... au contraire, tu me rends plus fort. Et quand mon père m'interdit de te voir... Sans toi, je ..."


(HUM, HUM).


Bon, passons. Vous l'avez compris, par moment c'est un peu niais (bien que j'accepte tout à fait des phrases mièvres qui sont souvent indispensables dans les bouquins mais là... non. Ca gâche un peu la crédibilité insufflée par J.K Rowling tout au long de la saga Harry Potter).


Un autre point excessivement énervant : Ok, c'est la crise d'adolescence, toussa, toussa et Albus Severus Potter se retrouve avec un héritage familial complexe qui pèse sur ses épaules (Oui, c'est quand même le fils de l'Elu, Harry Potter. Et affublé des prénoms de deux grands hommes, somme toute) mais... on peine à trouver Albus attachant, vraiment ! Son personnage tombe parfois dans la caricature et vient même à agacer prodigieusement.
Taciturne et colérique, il méprise son père et le fait savoir à maintes reprises.
Engueulades, prises de tête consternantes avec Papa Harry... on aurait presque envie de dire " Stop les gars, c'est un sketch là? J.K Rowling va reprendre la plume et nous dire que c'est une parodie, hein?". La complexité qui devrait émaner de leur relation est simplifiée au maximum, une fois encore et cela rend souvent les dialogues pauvres et cucul-la-praline. On croit se retrouver dans un épisode de "Plus Belle la Vie" version Monde des sorciers et ça, c'est plutôt affligeant.


Dans un autre registre, Scorpius, le fils de Drago est plutôt attachant et pourrait même être le véritable "héros" de l'histoire (je n'en dis pas plus sinon je spoile trop).
On a l'impression que la moralité réside dans la contradiction de l'adage "Tel père, tel fils". Albus et Scorpius ne ressemblent pas à leurs papas respectifs et on nous le fait clairement savoir tout du long. Malefoy était pédant et égoïste, son fils est tout le contraire, aussi lunaire et inoffensif que Luna Lovegood, aussi brave que Harry Potter et aussi intelligent qu'Hermione Granger.
Sympathique, mais le trait est un peu forcé. Oui, on a compris. C'est pas parce qu'on a un Père qui a été con tout du long de la Saga Harry Potter, qu'on devient un con soit même. Même si on a uniquement été élevé par ce père issu d'une famille de Mangemorts et Mangemort lui même en dernier lieu. D'accord. C'est beau, c'est frais, c'est doux comme du Chavroux, la morale est installée.


On peine également à reconnaître nos amis Harry, Ron et Hermione. Hermione est devenue plutôt irritante, obnubilée par son travail de Ministre de la Magie (quand même, hein?). Harry lui aussi semble être vraiment secondaire à l'histoire. On le retrouve désabusé, cantonné dans un rôle indigeste et haut placé au Ministère. Ron est pour sa part responsable du magasin crée par ses frères " Farces pour sorciers facétieux". Un peu décevant pour un mec qui a participé à la destruction du Mage Noir et dont le personnage n'a cessé d'évoluer tout au long de la saga. Là encore, si ce n'est pas simplifié, je veux bien avaler un tonneau de Bièreaubeurre rempli de Niffleurs... Ron fait parfois sourire lorsqu'on lit les dialogues mais son rôle semble être celui du lourdeau de service. Vraiment vraiment dommage...


Aucune nouvelle de Molly Weasley, Arthur, de toute la petite famille Weasley et leur cheveux roux volant au vent... Pas de dialogue avec Neville Londubat ou encore Luna Lovegood (mais que sont-ils devenus bon sang? ont-ils finis ensemble comme le laissait présager la fin de la saga?)...Ginny quant à elle est aussi insipide dans le bouquin que dans la Saga. Décidément, pour la femme de Harry Potter, on s'attendait à mieux.


Bon, j'ai quand même mis 6, évaluons les côtés positifs :



  • ça se lit trèèèès facilement.

  • C'est quand même une suite de Harry Potter et je suis fan. Un peu déçue mais fan (après tout peut-être que j'ai vieilli et que je ne suis pas objective ? ou trop tranchée ?)

  • L'histoire concernant le retourneur de temps est plutôt intéressante. Mieux exploitée dans un vrai bouquin, un petit pavé comme dans la saga, elle aurait été top de chez top.

  • On s'attache quand même un peu à ce petit Scorpius et on aimerait y voir une suite plus élaborée.


En définitive, plutôt déçue mais j'étais si heureuse de retrouver une part de la magie d'un de mes livres préférés que je me suis prise au jeu... Et cela fonctionne tout de même car on désire poursuivre sa lecture, connaître les rebondissements, savoir ce qu'il va finalement se passer. N'oublions pas qu'il s'agit d'une pièce de théâtre, d'où la note légèrement remontée tout de même et qui explique certains "défauts" du bouquin car il n'est pas rédigé comme une suite officielle de la saga et comme les livres précédents mais davantage comme une fanfiction théâtrale, un peu bancale parfois...

Kateriná_Snezan
6

Créée

le 28 nov. 2016

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2

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