A vrai dire, j'ai du mal à dégager une grande ligne directrice de cette Histoire des maisons hantées, si bien que ma lecture fut un peu laborieuse ; or, comme j'avais eu beaucoup de mal à me procurer cet essai, hors de question de le laisser tomber avant la fin !


Le sujet, comme le fait remarquer l'auteur, est laissé de côté, voire méprisé par les historiens français de la période contemporaine. Il ne s'agit évidemment pas d'établir si telle ou telle maison dite hantée à tel lieu et à tel époque l'a réellement été ou non, puisqu'on a là un ouvrage traitant d'histoire culturelle et non de paranormal. C'est donc un sujet neuf, atypique, dont on attend forcément beaucoup. Mais cet essai comprend des défauts certains : un manque de cohérence dans sa structure, ainsi que l'absence d'un corpus solide de cas rapportés de maisons hantées, ajoutés à un corpus iconographique et littéraire dont on ne comprend pas forcément le choix. Pourquoi traiter de La chute de la maison Usher et des Hauts de Hurlevent, par exemple, et complètement laisser de côté Henry James ou Nathaniel Hawthorne ? Pourquoi voir dans L'île des morts de Böcklin et dans The night wind de Charles Burchfield des représentations de maisons hantées, qui ne le sont pas plus - ou pas moins - que La maison rose de Degouve de Nuncques ou L'empire des illusions de Magritte ?


Bien sûr, beaucoup de sujets passionnants sont traités autour du thème de la hantise, notamment la position de l’Église, les théories spiritualiste et spirite, les approches scientifiques, les rapports qu'entretiennent les cas de hantise avec la présence de femmes - et, surtout, de jeunes filles domestiques -, le rapport aussi qu'entretient la maison hantée avec le concept du home sweet home. Mais ce sont là davantage des pistes de réflexion, certes très intéressantes, qu'une véritable histoire des représentations de la maison hantée dans la culture et l'imaginaire français, américain et britanniques entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XXème. L'auteur s'en explique en conclusion, et l'on comprend très bien les difficultés qu'elle a pu rencontrer pour dégager un fil rouge de son étude. Mais on reste inévitablement sur sa faim.


Cela dit, j’ai pour ainsi dire mis à l'épreuve l'ouvrage de Stéphanie Sauget en regardant, alors que j'allais bientôt en terminer la lecture de l'essai, The conjuring - Les dossiers Warren (je suis comme ça, je fais les choses à fond, moi). Et je peux dire qu'il a passé le test, parce qu'il s'est révélé une très bonne grille de lecture du film. J'y ai retrouvé - étonnamment - une bonne partie des codes de représentations des maisons hantées au XIXème présentés dans l'ouvrage. C'est donc que ce livre a tout de même réussi à imprimer quelques petites choses dans ma petite caboche.

Cthulie-la-Mignonne
7

Créée

le 16 sept. 2015

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